Diplomatieconflits

Ukraine : l’urgence de voir après la guerre

OPINION. Au-delà des questions géostratégiques et morales, notre lecteur appelle les candidats qui aspirent à gouverner la France à appréhender le conflit russo-ukrainien dans une perspective civilisationnelle.

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Il y a trente ans, la Russie s’est jetée dans nos bras. Elle souhaitait établir avec nous des rapports d’égalité, où les intérêts de chacun seraient respectés. À cette ouverture, nous avons répondu par le mépris, la trahison de la parole donnée, la négation de ces intérêts vitaux, et la démonstration que nous exploiterions chacune de ses faiblesses. Au moment où elle souhaitait établir des relations apaisées et équilibrées, nous l’avons convaincue que nous n’envisagerions que les rapports de force.

Monsieur le président, mesdames et messieurs les candidats, ma femme est Russe d’origine ukrainienne. La famille et les amis se répartissent des deux côtés de la ligne de front. Autant dire, je vous écris depuis le cœur humain, battant, de ce conflit. Contrairement à ce que voudraient nous faire croire nos idéologues de l’oubli et de l’amnésie historique, la mémoire est vivante. Et, se déployant au cours de l’Histoire, elle transforme les consciences. Il y a vingt ans, la population russe nous considérait avec admiration. Je peux même dire qu’elle était convaincue que nous étions supérieurs moralement et peut-être même culturellement. Elle voulait nous rejoindre et nous ressembler. Depuis deux ans j’ai commencé à entendre de plus en plus souvent ces propos : « De toute manière ils nous haïssent. » Il a fallu vingt ans seulement pour réaliser ce changement de perspective. Remarquable échec !

Monsieur le président, messieurs et mesdames les candidats, ceux qui personnalisent les processus de décision qui ont mené au déclenchement des hostilités, qui vous affirment que c’est le fait d’un homme seul, Vladimir Poutine, qui de plus serait paranoïaque, vous mentent. La décision du recours aux armes a été collégiale, même si Vladimir Poutine y a évidemment joué un rôle très important. Et l’état de l’opinion publique a été soigneusement pris en compte, soyez-en convaincus. Vous ne combattez...

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