Éric Desmons : « Qui voudra mourir pour la "patrie européenne" ? »
ENTRETIEN. Eric Desmons est professeur agrégé de droit public et l’auteur d’essais et de romans dont le dernier en date est Jaune (éd. Perspectives libres, 2025). Il est notamment l’auteur de Mourir pour la patrie (2001, PUF), une réflexion de fond sur les rapports entre la mort et le politique. Nous l’avons interrogé suite aux propos polémiques du général Fabien Mandon au récent Congrès des Maires de France, où le chef d’État-major des Armées a invité la France et les Français à se préparer « à perdre ses enfants » (dans la guerre face à la Russie).
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Front populaire : Les propos du chef d’État-major des Armées ont provoqué un tollé généralisé. Comment avez-vous reçu cette déclaration ?
Eric Desmons : Comme beaucoup d’observateurs de la vie politique, ou tout simplement de citoyens, avec une certaine stupéfaction, en premier lieu due au fait que ce discours ait été prononcé au congrès des maires de France où la présence du CEMA pouvait être tenue comme incongrue : en vertu de ses statuts, l’AMF a pour objet de « préserver les intérêts des communes et de leur intercommunalité »... On peut penser que l’invitation du général Mandon, avec la complicité de M. Lisnard – président de l’AMF –, n’a pu se faire qu’en accord – pour ne pas dire sur ordre – avec le président de la République, chef des armées : un congrès de l’AMF est une tribune considérable, et un relais d’opinion très efficace.
Sans discuter pour le moment du caractère anxiogène, et sur certains aspects totalement inactuel (hors sol, ce qui est logique pour un aviateur), du discours du CEMA – d’ailleurs reçu comme tel par beaucoup de maires, de citoyens et d’opposants politiques à M. Macron – demandant aux maires de préparer leurs administrés à une guerre à venir, je me suis dit d’abord qu’il y avait là un curieux inversement des rôles, un curieux procédé institutionnel. Le général Mandon n’est pas ministre. Sa fonction est certainement de conseiller le gouvernement ou le président de la République, mais non de s’exprimer à leur place, notamment en adressant des recommandations à des élus locaux. Une vieille formule romaine dit que les armes cèdent à la toge, que le pouvoir civil tient l’autorité militaire en l’état (cedant arma togae). On peut ajouter que les militaires, comme tous les agents publics, sont tenus à une obligation de réserve et de neutralité....
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