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Anatomie du centre : Macron et le nihilisme post-moderne (3/3)

OPINION. Dans la dernière partie de ce triptyque, notre lecteur démontre en quoi le triomphe actuel du centrisme politique révèle le nihilisme d’une élite française qui s’est résolue à la fin de l’histoire.

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Comme pour Donald Trump, chez Emmanuel Macron, il faut distinguer le personnage de ce qu’il représente. Macron personnage est différent du macronisme politique ; l’homme politique, étonnant, doit être séparé de son symbole politique. Macronisme contre Macron : le nouveau centrisme politique, contre le personnage nihiliste post-moderne. « Le traître et le Néant », titraient Gérard Davet et Fabrice Lhomme, dans une fascinante enquête sur le personnage Macron, compilation de témoignages de ceux qui ont côtoyé le jeune président au cours de sa fulgurante ascension vers le pouvoir. Dernier chapitre du livre choc, « le néant », où nos deux journalistes demandent à ses proches ce que représente le macronisme politique. Silence gêné, notent les deux auteurs, avec des témoins qui bafouillent, hésitent, donnent vigoureusement dans la langue de bois et le jargon technocratique. Parmi eux, seule Aurore Bergé parvient à résumer dans une langue claire les ressorts du macronisme, qui épousent pour elle les contours du centrisme post-moderne, autour des piliers de l’Europe et du libéralisme. Le reste des témoins, après quelques atermoiements, avouent plus ou moins directement l’absence de convictions ou d’idéologies du personnage, dont personne ne sait vraiment ce qu’il pense dans son for intérieur. Il veut réussir, très vite, disent dans ce dernier chapitre les intervenants ; hormis cet aspect, unanime, Macron semble être un désespérant néant idéologique. Macron l’homme est d’abord un sphinx, que bien peu autour de lui auront réussi à cerner.

En vérité, Macron semble être un jeune homme de son temps : il est l’enfant béni de la Fin de l’histoire, professée par Francis Fukuyama. Dans La fin de l’histoire et le dernier homme, écrit à l’issue de la chute du bloc communiste, Fukuyama professe la victoire définitive de la démocratie libérale, sur l’ensemble des autres systèmes politiques. Avec la fin du communisme, avec l’avènement...

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