Arts plastiques : le procès du visible
OPINION. Parfois jugé élitiste, voire insignifiant, l’art visuel contemporain divise notre époque, autant qu’il en est le produit. En prenant le pas sur les motivations artistiques, l’obsession du « concept » change radicalement notre rapport à l’art et au visible. Une réflexion artistique à méditer.
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« Il n’est pas d’erreur plus énorme que de réduire l’art à la reproduction fidèle de la réalité. » Wassily Kandinsky
« La beauté plastique est totalement indépendante des valeurs sentimentales, descriptives et imitatives. » Fernand Léger
À l’instar des critiques concernant le « n’importe quoi » de l’iconographie contemporaine, il s’avère nécessaire de rouvrir le dossier tant disputé du procès qui s’en est suivi. On reproche à certaines manifestations dites artistiques d’avoir quitté le domaine du « beau », de se complaire à la facilité d’artefacts vulgaires, de négliger le goût commun afin de satisfaire un marché spéculatif mondial.
Ces critiques ne sont pas dépourvues de sens quant à la porno/graphie insigne de certaines « œuvres » et l’on pense aux réalisations d’un Jeff Koons ou d’un Damien Hirst, mais aussi d’un Tukashi Murakami ou d’un Ai Wei Wei. On nous dira que ces artistes vivants se servent des objets de leur temps comme pouvait l’avancer Fernand Léger ou avant lui le Pop Art issu de Marcel Duchamp et de ses ready-made.
Seulement, eux ont aidé à sortir l’art de ses conventions souvent figées du rendu sentimental du réel et de son imitation. Peut-on parler d’hyperréalisme alors qu’ils se contentent de présenter l’objet dans sa trivialité la plus descriptive sans lui apporter sa valeur heuristique ? Il faut dire que l’art moderne s’est construit essentiellement par un affranchissement de l’imitation, de la représentation fidèle pour aller vers plus d’abstraction, de stylisation, de segmentation, de symbolisation. (1)
C’est lorsque le concept et le discours assertif se sont emparés des motivations artistiques qu’un tournant radical a transformé les œuvres afin qu’elles deviennent pures illustrations ou symptômes d’une provocation hors-champ, hors esthétique. Ainsi la banalisation, la fétichisation et l’infantilisation ont inondé les représentations, simples gadgets mégalomaniaques. La démesure a remplacé le sublime.
L’hypertrophie rendue possible grâce à la technique disponible a montré ses...