Rodéos

Comment dompter les « rodéos sauvages » ?

OPINION. Les « rodéos urbains » sont devenus un vrai fléau dans nombre de métropoles. Comment appréhender un tel phénomène et canaliser cette énergie avec fermeté ? Pour notre lecteur, la répression n’est pas l’unique solution.

/2021/10/RODEO-URBAINS


La presse française est souvent davantage douée pour les formules faciles et accrocheuses que pour la profondeur de ses analyses. C’est ainsi qu’elle se gargarise du terme « rodéo sauvage » pour décrire les démonstrations improvisées de roue arrière pratiquées bruyamment et en toute illégalité par certains jeunes de grandes agglomérations sur des machines pas toujours dotées d’une carte grise en règle ni homologuées pour rouler sur la route, et ceci dans des conditions de sécurité déplorables. Qualifier ces incidents de « délits routiers en bande organisée » est donc beaucoup plus approprié que de les baptiser « rodéos sauvages ». C’est un peu plus long, certes, mais, d’une part, cette appellation évite de valoriser les auteurs de ces infractions en les assimilant à des cow-boys des temps modernes et, d’autre part, elle donne une meilleure compréhension de la nature du phénomène. Mais c’est moins clinquant, donc moins vendeur. Il est facile d’en conclure où se situent les priorités de ladite presse. Ce qui est encore plus gênant, c’est que les politiques reprennent la même terminologie et ne sont guère plus pertinents dans leur domaine qui est d’assurer la sécurité de leurs concitoyens. Du coup, presse et gouvernement forment un couple bien assorti qui est, hélas, fertile en matière d’enfumage et de procrastination.

Que fait le gouvernement ? Il envoie de façon sporadique des policiers qui n’ont pas les moyens d’agir de façon adaptée à ces circonstances, et qui sont tétanisés par le risque de provoquer une bavure qui pourrait « embraser les quartiers », comme ils disent. Ah oui, il a aussi fait passer la loi 2018-701 du 3 août 2018 « renforçant la lutte contre les rodéos motorisés » (expression en forme d’hommage aux journalistes qui ont trouvé ce terme marketing), dont les articles L236-1 à L236-3 aggravent les sanctions contre les auteurs de ce genre de délit : grosses...