Etats-UnisDonald Trump

Contre la menace populiste, vers une dépossession du pouvoir des élus du peuple ?

OPINION. L’assaut populaire contre le Capitole le 6 janvier 2021 restera l’événement le plus spectaculaire de la présidence de Donald Trump. Une présidence dont on ne mesure probablement pas encore les conséquences, notamment quant au devenir des pouvoirs laissés aux futurs présidents et aux élus du peuple en général.

/2021/01/Capitole le 6 janvier 2021

Allons-nous vers une dépossession du pouvoir des élus dans nos démocraties ? C’est sans doute ce que certains souhaitent. Au lendemain des évènements du Capitole, l’ancien secrétaire à la Défense des États-Unis William Perry exhortait déjà le président désigné Joseph Biden à céder le monopole présidentiel de la force de frappe nucléaire dès sa prise de fonction. L’enjeu est moins de connaître les raisons d’une pareille demande que d’en comprendre le sens profond.

Temple de la démocratie américaine, respirant au rythme d’un cérémonial châtié qu’il a hérité de la culture parlementaire anglaise, le Capitole demeure le cœur du pouvoir à Washington. L’importance tutélaire du président des États-Unis, qui nous apparaît si évidente, ne s’est affirmée qu’assez tardivement, au fur et à mesure que l’Amérique devenait une puissance impériale. La Seconde Guerre mondiale a inauguré une ère politique dont les nécessités fonctionnelles ont permis d’affirmer la primauté du pouvoir exécutif sur le législatif, sans brusquer les fondements de la Constitution américaine. L’ombre d’Andrew Jackson était trop loin pour laisser craindre une nouvelle usurpation populaire de l’autorité présidentielle : son potentiel pouvait donc être déployé sans crainte.

Mais ces nécessités fonctionnelles ont été bouleversées par Trump, plus encore par les évènements des derniers jours. Le tout n’étant qu’une affaire d’interprétation d’une vieille Constitution rompue à toutes les époques, il faut bien comprendre ce qui a changé aujourd’hui.

Les partisans de Trump ont montré que même la plus orgueilleuse des républiques peut succomber à l’ochlocratie. On comprend l’atterrement de nombreux Américains, eux qu’on a habitué à considérer leur république comme le sommet de la civilisation. L’architecture monumentale de la capitale fédérale venait signifier à tous cette idée d’une république inébranlable taillée dans le granite, au sein de laquelle la Constitution trônait en majesté.

Convaincus d’incarner ce We the People qui introduit la Constitution, des citoyens...

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