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Didier Lemaire : « Samuel Paty n'est pas seulement mort de l'islamisme »

TRIBUNE. Des discours, des photos, des bougies et des fleurs. Oui, bien sûr, mais les actes, où sont-ils ? Au lendemain de la journée d'hommage à Samuel Paty, Didier Lemaire, professeur de philosophie, prend la plume pour mettre des mots sur notre lâcheté collective. 

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Note de la rédaction : Didier Lemaire est professeur de philosophie. Il a enseigné pendant deux décennies au lycée La Plaine-de-Neauphle à Trappes. Lui-même menacé pour avoir alerté sur les dangers de l'islamisme à l'école et dans la société, il a un temps été placé sous protection policière, avant de mettre sa carrière en suspens en février 2021. 

Samuel Paty n'est pas seulement mort de l'islamisme ni, de façon plus générale, d'une absence de réponse des pouvoirs publics face à l'offensive islamiste. Il est mort d'avoir été abandonné par l'institution. Si l'on ne tient pas ensemble ces deux causes, on continuera de poursuivre la même politique. Comme l'a affirmé avec force Mickaëlle Paty, qui a porté plainte, avec une partie de sa famille, contre l’État, pour non-assistance à personne en péril, lors de la cérémonie d'hommage à son frère dimanche : « Tant que rien ne change, c'est que rien n'est fait ».

David di Nota, l'auteur du livre qui interroge la part de responsabilité des autorités dans l'enchaînement des faits qui a conduit à l'assassinat du professeur, J'ai exécuté un chien de l'enfer, s'en est excusé, ce même jour, sur France Info : « Pardon de briser le bel unanimisme émotionnel actuel, mais je rappelle qu'un dépôt de plainte a été effectué par la famille Paty contre l’Éducation nationale et le Ministère de l'Intérieur. Nous sommes actuellement dans la situation surréaliste suivante : tout le monde lui rend hommage, mais personne ne veut répondre aux questions très simples et très concrètes contenues dans ce document de 80 pages. Si aucun juge d'instruction n'est saisi pour faire en sorte que les responsables de sa non-protection répondent de leur gestion, le message qui sera envoyé aux professeurs est le suivant : vous voyez, on peut vous assassiner, on peut vous décapiter, tous ceux qui sont en charge...

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