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Éducation nationale : pour tous nos renoncements (partie 3)

CONTRIBUTION / OPINION. Dans ce triptyque, notre lecteur passe en revue les différentes facettes de l’Éducation nationale sur lesquelles le pays a courbé l’échine. Plus qu’une défaite institutionnelle et sociale, un renoncement intime.

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Crédits illustration : © FRED SCHEIBER/SIPA


Sur le papier, l’ouverture aux familles qu’apporte la loi d’orientation de 1989 paraît bien sûr généreuse. Mais l’école se prend en pleine figure la misère sociale, culturelle, « langagière », linguistique et intellectuelle, depuis plusieurs années, les professeurs des écoles explosent en vol. Le problème du manque de professeurs en France s’explique aussi par l’explosion des démissions : en 2020, 30 959 démissions ont été enregistrées, 35 933 en 2021 et 39 270 en 2022, soit une augmentation de 26 % entre 2020 et 2022. Les agressions verbales et physiques explosent. Dans les cahiers des élèves, les formules d’impolitesse pullulent. Cela fait longtemps que les familles en ont terminé avec les formules de politesse, qu’on pouvait encore trouver il y a trente ans, dans les cahiers. On vient frapper ou engueuler le professeur parce qu’un gamin de la classe a poussé son enfant (— roi, souvent). Pourquoi se demander si les torts sont partagés ? Inutile, réagissons. On réfléchira, éventuellement après. Et désormais, on ne frappe plus à la porte pour demander un rendez-vous au professeur. On s’invite souvent : après 16 h 30, pour les professeurs des écoles, ce sont les vacances ! On ne peut pas convoquer des parents : on les invite. Pas de stylo rouge : trop agressif. En vert !

Les portes ouvertes aux familles, pourquoi pas, bien sûr. Mais qui protégera les enseignants de la bêtise de certains parents, de la violence des autres ? Qui nous protège, en réalité ?

Ces actes subis marquent tous les professeurs dans leur chair. Un ami très cher a subi le comportement de certains parents : il n’est plus là pour en témoigner. Il s’est suicidé.

Personne ne peut réellement imaginer ce que les professeurs peuvent subir : il faut trop souvent gérer « les élèves débordants », doux euphémisme moderne pour qualifier des élèves parfois commettant des actes parfois traumatisants pour...

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