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Émeutes au Royaume-Uni, symptôme d'une crise morale de l’Occident ?

CONTRIBUTION / OPINION. Les émeutes au Royaume-Uni montrent les limites du multiculturalisme à l’anglo-saxonne. Mais les attribuer uniquement à la question migratoire ne tient pas compte des causes profondes, liées aux fondements religieux et moraux des sociétés occidentales.

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Crédits illustration : ©Mike Ruane/Story Picture Agency//SIPA


Les récentes émeutes au Royaume-Uni ont montré que le multiculturalisme ne permet pas la coexistence pacifique et harmonieuse entre des groupes culturels, ethniques, et religieux divers au sein d’une même société. Mais réduire ces émeutes à un simple problème d’immigration, à une montée de l’extrême droite, au modèle communautariste anglais, c’est ne pas comprendre la profondeur des dynamiques sociales en jeu. Ces événements ne sont que les symptômes visibles de problèmes bien plus profonds, enracinés dans les fondements mêmes de nos sociétés occidentales, à savoir la religion et la morale.

René Girard a montré que la religion joue un rôle crucial en canalisant la violence humaine à travers le mécanisme du bouc émissaire. Dans nos sociétés contemporaines où la religion a été reléguée à la sphère privée, ne risque-t-on pas d’assister à un mécanisme inverse, celui d’un retour à la guerre de tous contre tous comme semble le montrer les récentes émeutes au Royaume-Uni ?

Pour comprendre le phénomène, il est essentiel d’examiner les mécanismes sociaux actuels en commençant par la morale. La morale de l’authenticité, qui valorise l’expression de son « vrai » soi et la fidélité à ses propres valeurs, est devenue dominante à partir des années 1960-1970, marquant un tournant vers l’individualisme et l’autonomie personnelle. Mais, cette quête d’authenticité, bien que séduisante, s’avère difficile à réaliser pour l’individu autonome, car elle exige une introspection constante et une cohérence inatteignable dans un monde complexe. De plus, l’authenticité, étant profondément subjective, ne peut pas servir de fondement stable pour structurer la société. Elle manque de critères intersubjectifs partagés, rendant impossible tout accord collectif sur ce qui est authentique, et conduisant à une fragmentation sociale plutôt qu’à une cohésion.

La morale était-elle alors destinée à disparaître ?


L’homme sans morale est inconcevable. Les penseurs de la modernité l’ont bien compris. Michel Foucault soulignait ainsi :...

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