Quand Emmanuel Macron est réélu le 24 mai 2022, avec « seulement » 5 millions de voix d’écart, contre Marine Le Pen — alors que Jacques Chirac, tout juste 20 ans auparavant, terrassait Jean-Marie Le Pen avec 4 fois plus de suffrages —, il est, comme en 2017, un président élu par défaut. Si sa première élection était le résultat d’un incroyable alignement des planètes — un président sortant trop impopulaire pour songer à se représenter, le favori dans la course plombé par un scandale financier, des médias majoritairement à la botte — lui garantissant le bénéfice de l’homme neuf et d’un possible renouveau, la seconde ne lui donne pas le droit à l’erreur : barrage contre l’extrême droite et ayant décrété « l’urgence climatique » après avoir fait la danse du ventre devant des électeurs de gauche qui ne sont en rien son ADN, Emmanuel Macron sait que son nouveau mandat sera un tournant.

« Savoir se réinventer »

Lors de la crise du Covid et du premier confinement, qui avaient marqué une pause certaine dans la démarche des réformes libérales du président, ce dernier avait exhorté les Français à « savoir se réinventer », lui le premier. Allait-il donc tenir compte de sa nouvelle victoire à la présidentielle, qu’il doit majoritairement au vote de gauche, pour prendre le contrepied sur son électorat traditionnel, plutôt urbain, aisé et âgé, ou continuer de caresser ce dernier dans le sens du poil, au risque de se mettre à dos une grosse partie de la société civile ?

Sans forcément revenir sur le principe et la gestion de la réforme des retraites, on peut d’ores et déjà évoquer la réforme de l’assurance chômage, qui ne va pas vraiment dans le sens du progrès social, ou la casse latente, mais bien réelle, du Code du travail à travers par exemple l’incitation à...