Entre décivilisation et choc des civilisations
CONTRIBUTION / OPINION. Dans une France secouée par une série de drames à l’école, un constat douloureux émerge : la décivilisation grignote nos fondations sociales et nos repères moraux.
Ce fut d’abord le proviseur du lycée Maurice Ravel, qui démissionna à quelques mois de sa retraite, après qu’une fille voilée, qui avait refusé d’enlever le voile dans l’enceinte du lycée, lança contre lui une cabale sur les réseaux sociaux. Ce fut ensuite la jeune Samara, tabassée à l’école par d’autres camarades parce qu’elle était mécréante, coquette, et aimait à se maquiller et à se faire belle. Ce fut après le jeune Chemseddine, tabassé dans un crime d’honneur par les frères d’une jeune fille qu’il avait osé courtiser. Puis ce fut le jeune Philippe, à la Grande-Synthe, lui aussi tabassé par de jeunes délinquants de 14 ans, pour lui dérober son téléphone. Tout cela s’est déroulé en France, en l’espace d’une quinzaine de jours ; sans doute bien d’autres faits divers ont eu lieu durant cette quinzaine, d’autres violences, d’autres crimes, d’autres rixes, d’autres menaces, derrière ces arbres dont on devine qu’ils cachent désormais une bien épaisse forêt. Ces faits divers, en forme de terrible synthèse, doivent nous inviter à reconsidérer avec urgence l’action politique.
La constante de ces événements est qu’on y a à faire à de très jeunes individus, mineurs, capables d’une méchanceté et d’une sauvagerie qu’on pensait d’un autre temps. Luc Ferry, l’ancien ministre de l’Éducation, dans une vieille conférence de plus de quinze ans, disait que l’école n’était pas en cause, du moins n’était qu’un commode épouvantail, le problème fut plutôt qu’on avait à faire au sein de l’école à des hordes d’enfants de plus en plus mal élevés, auquel l’instruction publique dispensée par des professeurs souvent exemplaires ne peut pas grand-chose. Avant lui, un autre ministre de l’Éducation, Jean Pierre Chevènement, avait parlé de son temps de petits sauvageons ; il fut accusé, lui l’homme de gauche, de racisme, d’extrême droitisme, de fascisme. C’était il...