Fracture. Nous sommes plutôt habitués à utiliser ce mot pour désigner une rupture osseuse survenue lors d’une chute. La résorption de celle-ci s’effectue le plus souvent grâce à l’action des cellules osseuses qui ressoudent efficacement l’os brisé.

Il y a bien d’autres fractures dont on ne semble pas trouver aussi naturellement la méthode pour les résorber. Je souhaite évoquer celles qui relèvent directement ou indirectement du domaine sociétal. On aurait pu croire que notre civilisation, enrichie de ses échecs et de ses progrès, eut trouvé rapidement les solutions pour éviter, apaiser ou guérir le mal. Des événements d’actualité semblent malheureusement nous convaincre du contraire. Deux exemples récents peuvent, me semble-t-il, étayer ce constat regrettable.

Premièrement : on ne pouvait imaginer que dans un pays comme le nôtre situé en zone tempérée serait confronté à des phénomènes répétés de sécheresse. Les ressources et l’usage de l’eau se trouvent alors à la croisée d’utilisateurs et d’intérêts différents des secteurs industriels, agricoles, urbains, ruraux, sans compter les incidences sur la nature. Il semble que le fait de déclarer que l’eau devrait être un bien commun ne suffise pas à solutionner le problème. De plus, des intérêts divergents créent alors des fractures dans la société. Citons le débat exacerbé entre les tenants de l’agriculture intensive « voire industrielle » et l’agriculture traditionnelle, dite « paysanne », face à la construction de bassines, qui sont de gigantesques réserves d’eau. Autre exemple : les propositions de tarification progressive de l’eau selon le volume consommé ne peuvent pas être applicables de la même façon en zone rurale sans tenir compte de leur usage (ménager, agricole, restauration, piscines…) que dans les zones urbaines et dans les sites industriels. Cette question ne peut pas être déconnectée de celle qui concerne la qualité de l’eau distribuée ou des problèmes récurrents de fuites dans les réseaux de...