En Vendée, une pétition exhortait le rectorat à rebaptiser le collège Soljenitsyne « en soutien aux peuples victimes de la folie meurtrière de Poutine ». À Milan, l’Université de Milano-Bicocca décidait de censurer un cours sur Dostoïevski dispensé par l’enseignant Paolo Nori qui s’inquiétait alors qu’« en Italie, aujourd’hui, être un Russe soit considéré comme une faute et même être un Russe décédé ».

La liste des boycotts de la culture russe, depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, n’est pas exhaustive. Le monde occidental et le bloc de l’Est sont à nouveau ennemis déclarés. Les tensions, longtemps en sommeil, se sont ravivées, les peurs ont émergé et la xénophobie antirusse s’est décomplexée. Pour Vladimir Fedorovski, écrivain russo-ukrainien, « On vit aujourd’hui l’un des moments les plus dangereux pour l’humanité ».

L’amalgame Vladimir Poutine et les Russes

« On peut détester et condamner le régime poutinien et il y a largement matière à le faire, mais vouloir détester les Russes en présupposant qu’ils pensent de la même façon alors qu’il existe en Russie beaucoup de points de vue différents sur le conflit, n’a pas de sens », estime Marie-Pierre Rey, historienne spécialiste de la Russie et auteure du livre La Russie face à l’Europe d’Ivan le Terrible à Vladimir Poutine (Éd. Flammarion). « C’est comme vouloir en faire des boucs-émissaires, cela n’a pas davantage de sens ». « En temps de crise, il est rarement opportun d’être régi par les émotions collectives », alerte-t-elle. « La Russie ne se résume pas à son dirigeant » emboîte Vladimir Fedorovski, auteur de Poutine et l’Ukraine : les faces cachées (Éd. Balland). Selon lui, « la majorité des médias mainstream français et européens prônent la détestation des Russes. Cette position exprimée en Europe et symbolisée par Lech Walesa est une très grande erreur. »

Pourquoi cet amalgame est-il dangereux ? « Parce que 80...