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Feu la démocratie

CONTRIBUTION / OPINION. En théorie, c’est bien le peuple qui détient le pouvoir en France, pouvoir exercé par lui et pour lui. En pratique, la notion de peuple s’est tellement désagrégée qu’il ne reste plus grand chose de l’idéal démocratique.

/2023/08/Feu-la-democratie


Dans une démocratie, le peuple dirige et la définition qu’en donnait Abraham Lincoln et qui a été reprise par l’article 2 de la Constitution française, fait l’unanimité : « Le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. » La difficulté est dans la définition du peuple qui a été simplifiée à l’extrême pour ne désigner aujourd’hui que la totalité des détenteurs majeurs de cartes d’identité, la notion de majorité étant d’ailleurs fluctuante suivant les intérêts de ceux qui en décident. Ce n’est plus un peuple mû par la raison, mais une foule mue par l’émotion. Nous continuons à parler de démocratie alors que nous sommes en ochlocratie — le gouvernement par la foule —, le pire de tous les régimes. Il est d’ailleurs intéressant de remarquer que par amour aveugle du mot démocratie qui ne pourrait être dépassé, le mot ochlocratie a disparu des dictionnaires au XXe siècle, que l’Académie française l’a supprimé de la 8e édition de son dictionnaire et que seul Le Petit Robert l’a réintroduit récemment, sans doute devant l’évidence. Polybe, homme d'État grec du IIe siècle av. J.-C., a détaillé le cycle du pouvoir : monarchie, tyrannie, aristocratie, oligarchie, démocratie, ochlocratie et retour à la monarchie, tellement l’ochlocratie est invivable.

Trois événements, advenus après la Seconde Guerre mondiale et qui en sont probablement les conséquences, sont venus tourner la page de la démocratie. Les deux premiers avaient comme but de renforcer la responsabilité et ont eu l’effet inverse par mauvaise analyse. Le troisième a rendu possible l’impossible et continue à nous faire fantasmer.

Le premier est Vatican II, du 11 octobre 1962 au 8 décembre 1965, qui a mis fin à la spiritualité collective en prônant une spiritualité plus personnelle et plus profonde qui n’a, en fin de compte, que vidé les églises et les séminaires. Dans...

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