États-Unisimpérialisme

Hégémon sacré

CONTRIBUTION / OPINION. Les nations peuvent-elles être comparées à des organismes vivants ? Assurément, selon notre lecteur, qui en déduit une vision originale de l'hégémonie américaine. Et la souveraineté dans tout ça ?

/2023/09/Hegemon-Sacre


« Les nations sont des êtres vivants. » Cette vision des choses n’est aujourd'hui plus en vogue. C’est dommage, car elle exprime une réalité. Les formules telles que « la France pense que… », « les États-Unis ont décidé de… », « la perfide Albion », « la Chine a vécu un siècle de honte », « l’Italie est fière d’être championne du monde de… », etc., sont couramment utilisées et elles ont un sens, un sens propre, non métaphorique, dénué de toute ambiguïté. Même si, vicissitudes historiques et géographiques obligent, frontières et peuples ne correspondent pas toujours, les nations peuvent bel et bien être décrites comme des êtres sociaux et politiques vivants, c’est-à-dire doués de sentiments, pensants, parlants, agissants.

Si elles sont des êtres vivants, il est légitime de comparer leurs comportements aux comportements de ces autres êtres vivants que sont les hommes.

Les hommes se sont regroupés en tribus qui, avant d’être capables de se donner des institutions dûment réfléchies, tenaient leur cohésion d’un ensemble d’interdits, mythes et rituels sacrificiels nés au gré de la sélection naturelle et évoluant avec elle. Le roi sacré, ancêtre du monarque de droit divin, est ainsi apparu. Il donnait leur stabilité aux tribus dont il était le centre. Il était un être à part. Bienfaisant, protecteur, tout-puissant, il était aussi tout à la fois, paradoxalement, victime promise au sacrifice, car accusée des pires méfaits, et il finissait souvent, parfois au sens propre du terme, à la casserole. Semblablement, les tribus, devenues nations, se regroupent en tribus de nations, c’est-à-dire, pourrait-on dire, en métatribus.

Les empires sont ainsi des métatribus dont la nation dominante est, comme le roi sacré, à la fois toute-puissante et promise au sacrifice, à la fois protectrice et cible de toutes les critiques. Et, désormais, l’humanité entière est une telle métatribu unique, s’étant donné un roi sacré unique, ou...

Vous aimerez aussi