Lorsque vous demandez à Chat-GPT les hypothèses de disparition de notre société, l’Intelligence artificielle se classe elle-même parmi les premiers dangers. Après les  Gilets Jaunes, le COVID et les différentes crises, l’émergence de ce futur séisme  civilisationnel vient redéfinir ce que nous sommes en tant qu’humains, notre place  dans le monde, jusqu’à la fin de notre état-nation et l’effacement des gens ordinaires.

En s’ajoutant aux angoisses légitimes face à la dépossession, au changement climatique et l’injuste répartition des richesses, l’IA se veut l’aboutissement d’une société de la distanciation. Un véritable cataclysme dont les couches populaires, déjà éloignées des centres économiques, éducatifs et culturels, seront les grandes  victimes, élevant toujours plus haut les « murs invisibles » dont parle le géographe Christophe Guilluy. Les  conséquences sont autant de chocs auxquels ils devront se préparer: la  prolétarisation de leur condition, la fin du réel et le péril démocratique.

Avec 2 millions d'emplois industriels perdus depuis 1990, la robotisation a eu un effet  dévastateur sur la classe ouvrière. Cependant, pour la première fois, une innovation technologique affectera les cols blancs plutôt que les blouses bleues. En effet, une  étude de l'OCDE estime que 14% des emplois en France sont directement menacés par l'intelligence artificielle. C'est le secteur tertiaire, ce sont près de 75% des actifs, et en particulier les emplois de service au niveau d'éducation supérieur, qui seront directement touchés. Que deviendront les gestionnaires de sinistres en assurance, les assistants  juridiques, les conseillers bancaires et autres graphistes ? Un "grand remplacement"  est en marche, celui qui voit l'Homme supplanté par la machine, dans un monde totalement hors sol.

Alors que le déclassement est déjà une réalité pour eux, la sécession entre deux France se dessine : d'un côté, un centre urbain accessible à des élites de plus en plus riches et autonomes, et qui sont autant...