La menace de « proficide », symptôme de décivilisation ?
CONTRIBUTION / OPINION. Les violences et menaces qui pèsent envers les professeurs atteignent des degrés si élevés qu'ils témoignent à eux seuls d'un phénomène dé décivilisation.
Le lundi 22 avril, au collège Bellevue de Toulouse, un élève de 3e a menacé et agressé son professeur de technologie. La même semaine, deux élèves étaient exclus du collège François Villon de Paris après avoir mimé des gestes d’égorgement à l’égard d’une enseignante. Dans la ville de Mohamed Merah comme dans celle des attentats de 2015 – et comme presque partout –, les menaces et violences à l’égard des enseignants se multiplient et se banalisent. C’est pourquoi, après les assassinats de Samuel Paty et de Dominique Bernard, le vocable « proficide » doit entrer dans le langage commun pour caractériser la menace spécifique qui pèse sur les enseignants.
Conseil de discipline : la transhumance des sociopathes
Concrètement, que met en place l’Éducation nationale pour protéger les enseignants des élèves dangereux ? Elle organise des conseils de discipline. Le conseil de discipline, c’est l’équivalent de l’Ordonnance de 1945 dans le domaine de la justice des mineurs pour l’école publique, à savoir une réponse totalement obsolète et inadaptée à la violence extrême de certains jeunes d’aujourd’hui. Un mineur délinquant de 2024, coutumier des gardes à vue jamais suivies d’effets, passant ses nuits sur « Call of duty », et qui rigole avec ses copains en regardant des vidéos de décapitation, ne sera guère impressionné devant son chef d’établissement qui lui récite sentencieusement une leçon de morale en faisant les gros yeux. En effet, tout élève qui passe en conseil de discipline risque au pire l’exclusion de son établissement d’origine… pour être aussitôt rescolarisé dans un établissement voisin ! Bref, le conseil de discipline, c’est le jeu des chaises musicales considéré comme une sanction. Vous avez menacé un enseignant de le tuer et vous l’avez frappé ? Vous vous en tirez avec un changement de collège. Mais gare à vous, petit chenapan, car la prochaine fois, vous écoperez de deux...