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Laïcité à la peine, laïcité sans foi

OPINION. Avec son expérience de prêtre, notre abonné livre son regard sur la réponse de l’Occident face à son déclin. Selon lui, bien qu’indispensable, la laïcité seule ne comblera pas le vide de sens dont est empreinte notre civilisation. 

/2021/05/LAICITE

Le « sofa gate » en Turquie a montré une face impuissante de l’Europe peu fière de ce qu’elle est, malmenée, peu encline à enthousiasmer les foules qui la regardent, prise dans ses propres contradictions de méga puissance mal à l’aise aux entournures. Par ailleurs, les défenseurs de la civilisation judéo-chrétienne s’inquiètent à juste titre. Les coups de boutoir de la mondialisation, la dépréciation de nos modes de vie, l’omniprésence des attentats, la montée en puissance d’un islam conquérant et l’irrespect de l’autorité de l’État (meurtres des policiers à Compiègne et Avignon), le manque de perspectives fortes et une laïcité dogmatique à la peine, ternissent un héritage riche en potentialités d’adaptation et capable de tracer un cap.

Je suis perplexe devant les incantations des défenseurs du judéo-christianisme qui feignent d’ignorer ou ignorent d’où il vient et à partir de quoi il est né. À travers une histoire humaine « ordinaire » de violence, de trahisons et de belles envolées, des valeurs s’instaurent, que l’on peut lire à partir des dix commandements et d’une conception de ce qu’est le mal. Jésus a été condamné à mort parce qu’il a mis en évidence les profondes trahisons des grands clercs de son époque, tenants du pouvoir et garants de la doxa du moment : dureté et aveuglement d’une partie du peuple qui a mis en croix celui qui clamait la vérité. Doucettement, des Guy Béart entonnent comme jadis, « celui qui a dit la vérité, il doit être exécuté ». La logique du plus fort du monde romain a laissé entrer la logique de la fraternité chrétienne. Petit à petit des pratiques de la vie en société se sont imposées comme la séparation du pouvoir religieux et politique, selon ce que Jésus disait de laisser à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à...

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