Le funeste engrenage des alliances occidentales en guise de stratégie
CONTRIBUTION / OPINION. Dans une tribune publiée par Marianne au début du mois de juin, le général Vincent Desportes appelle à « penser le soutien à l’Ukraine sur le long terme ». Une stratégie qui ne convainc pas notre lecteur.
Tabernacle ! Après une analyse pertinente sur l’arlésienne contre-offensive ukrainienne, Vincent Desportes s’arrête au milieu du gué, ce qui militairement n’est pas une position souhaitable.
Avec ce général, nous avons affaire à un homme d’envergure, comme son livre majeur (La guerre probable - penser autrement, Economica, 2e édition 2008) nous l’apprit, et dans son article Ne rêvons pas : la contre-offensive ukrainienne n’apportera pas la paix [1], il nous montre à nouveau la finesse de son analyse opérationnelle : « Ce qui est possible — et probablement recherché — est plutôt une action de force rapide et brutale, par surprise, une percée fulgurante, profonde, paralysante jusqu’à la mer d’Azov, une percée suffisamment large et consolidée sur ses flancs, pour tenir. Son but serait moins la reconquête que l’effondrement psychologique de l’armée russe, de son soutien populaire et, possiblement, du pouvoir en place. Un effet “mai 40” en quelque sorte, qui ouvrit en quelques heures la France à la botte allemande. » Pas de pénétration en Russie, pas de capitulation en but. Alors ce qui est hautement probable, après la contre-offensive réussie (?), c’est un état de nouvelle guerre froide qui ne durera pas longtemps, puisque les buts de guerre n’auront pas été atteints.
Dans cette hypothèse, quelle est la stratégie de Vincent Desportes ? « Les nations occidentales doivent (…) penser le soutien à l’Ukraine sur le long terme, en incluant dans leurs réflexions un affaiblissement progressif de l’aide des États-Unis, dont les préoccupations se focaliseront chaque jour davantage vers le Pacifique et la mer de Chine. Et, sachant l’Europe de plus en plus isolée, accélérer la remontée en puissance de leur appareil militaire pour répondre à cet affrontement long. » Autrement dit, la France doit suivre militairement l’engagement, déjà effectif sur le plan économique, de l’UE allemande dans la guerre continentale enclenchée en 1991...