Le tournant de la vigueur
CONTRIBUTION/OPINION. Avant de vouloir changer le monde, il faut d’abord le penser. Un chemin politique qui peut parfois prendre une vie.
Que ceux qui ne se sentent pas capables de penser contre soi ne se lèvent surtout pas ! Surtout s’ils se sentent prêts pour la grande Révolution qu’on annonce, celle qu’on leur promet depuis la nuit des temps, Grand Soir flamboyant qui finit toujours dans la grisaille des petits matins…
Car penser contre soi devrait être la première des révolutions à opérer, individuellement, devant le miroir de sa conscience. Opération chirurgicale des plus douloureuses et qui consiste en l’examen de ses convictions qui risquent fort de se muer alors, sous le scalpel affûté, féroce et implacable de la recherche de la vérité, de la raison et de l’autocritique, en pitoyables préjugés…
Mais qui suis-je, moi, pour donner aux apprentis révolutionnaires, si généreux dans leur idéalisme adulescent, des leçons de morale politique ? Et bien je me permets humblement, à soixante ans, ces réflexions désagréables, car les ayant expérimentées sur moi-même !
Mon gars, ma fille, avant d’aller manifester, ou de répandre telle ou telle idée, demande-toi, pourquoi tu vas manifester et d’où te viennent tes idées. Sont-elles vraiment chevillées à ton corps, à ton âme, ou juste à une doctrine politique ou une secte religieuse, comme des uniformes à une penderie ? Les « nobles causes » sont toujours présentées comme telles, mais elles produisent hélas bien trop souvent de bien sinistres et macabres mauvais effets !
Vous me direz que la réflexion inhibe l’action et qu’à trop réfléchir, on ne fait plus rien ! Les marxistes ne disent-ils pas depuis toujours : « Il n’est plus temps d’analyser le monde, il faut le changer » ? Hélas, on a vu et on voit toujours le résultat…
Faute de mieux
Je persiste cependant à croire qu’il faut au préalable penser son monde intérieur, et en particulier celui de ses représentations du réel, afin, sinon de le changer, ce qui est extrêmement...