Le wokisme, citadelle imprenable ?
CONTRIBUTION / OPINION. L’un des communs qui unit les différentes facettes du wokisme est leur raisonnement circulaire. En apparence, cette idéologie n’offre aucune prise à ses détracteurs. Mais déconstruire le discours des déconstructeurs est-il vraiment impossible ?
« Racisme systémique », « patriarcat », « intersectionnalité », « privilège blanc », « fragilité blanche », « identité de genre », « masculinité toxique », « mansplaining », « indigénisme », « néo-colonialisme », « micro-agression », « LGBTQIA+ », « grossophobie et body positivity », « hétéronormativité », « biais implicite », etc. Autant de concepts plus ou moins vides de sens, plus ou moins flous, qui font partie du langage « woke ». Comment expliquer cette multiplication des néologismes ? Mais surtout, pourquoi avons-nous cette impression de ne pouvoir rationnellement nous opposer à ce qui nous apparaît comme des non-sens absolus ? Cet article développe une approche pour expliquer cette difficulté et ainsi mieux combattre cette idéologie.
Je définis le wokisme comme un courant de pensée qui dénonce, de manière intransigeante, les injustices et discriminations subies par les minorités et demande repentance et réparation de la part des dits dominants. Pour combattre le phénomène, il faut en comprendre les fondements idéologiques : omniprésence des processus de domination, conception que tout est construction sociale, et vérité fondée sur le ressenti individuel.
L’omniprésence des processus de domination
Cette idée a été initialement développée par les penseurs l’école de Francfort pour lesquels les rapports de domination ne se limitent pas à la sphère économique comme le pensait Karl Marx ; ils influencent également le langage, la culture, les institutions, et même le savoir. Ainsi, Kimberlé Crenshaw, fondatrice du concept d’intersectionnalité, décrit comment les systèmes de pouvoir se structurent : « L’intersectionnalité est un moyen de comprendre comment les différentes formes de discrimination se chevauchent et se renforcent mutuellement. Cela nous aide à voir comment les systèmes de pouvoir et d’oppression fonctionnent simultanément pour affecter les vies des individus. » Ainsi, les formes de domination sont omniprésentes et interagissent pour influencer les expériences des personnes. Pour une personne woke, il n’y a ni vérité ni égalité, uniquement des rapports de pouvoir et, donc, de domination.
La construction sociale de la réalité
Le wokisme repose également sur l’idée que...