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Le wokisme ou la fabrique de la violence

CONTRIBUTION / OPINION. De quoi l'idéologie woke est-elle le nom ? Pour notre contributeur, d'un système retournant la violence subie par les minorités pour instaurer une mécanique infernale dans le cadre de laquelle la violence devient le seul mode d'expression possible.

wokisme
© Vuk Valcic/ZUMA/SIPA


Ce qu’il y a de remarquable avec la célèbre formule de Nietzsche — « il n’y a pas de faits, seulement des interprétations » —, c’est qu’elle s’applique à tous, sans exception. Y compris à ceux qui prétendent s’en faire les héritiers. Dans sa version contemporaine, associée au concept de déconstruction — « il n’y a pas de vérités, il n’y a pas d’évidence, il n’y a que des interprétations ou des croyances » —, cette idée agit comme un miroir, car ceux-là mêmes qui s’en réclament oublient qu’elle les renvoie d’abord à leur propre subjectivité.

Ce que certains voyaient comme une invitation à interroger les fondements de la pensée occidentale a été déformé, instrumentalisé, transformé en arme de déconstruction massive, dans une acception désormais synonyme de destruction. Le questionnement s’est mué en réquisitoire. La réflexion, en procès. Et la critique des systèmes de domination a accouché d’une idéologie profondément nuisible à l’intérêt général.

Le wokisme n’a que faire des contradictions. Censé combattre les catégories et les stéréotypes porteurs de discriminations, il s’impose pourtant par une grille de lecture binaire, manichéenne et simpliste. Comme le dit Bérénice Levet, le simplisme est une arme de séduction massive. Dans le prisme idéologique du wokisme, vous êtes soit un dominant, soit un dominé. Soit un oppresseur, soit une victime. Ce ne sont pas vos actes qui comptent, mais votre appartenance à un groupe identitaire. Vous êtes né du bon côté — ou du mauvais.

Pas de chance si vous êtes un homme blanc, occidental et hétérosexuel : vous portez, quoi que vous fassiez, le sceau de l’infamie. Raciste, sexiste, machiste et homophobe. Et ce n’est pas tout. Vous êtes aussi transphobe, grossophobe et handiphobe.
En revanche, si vous êtes une femme, ou si vous appartenez à une minorité — ethnique, sexuelle ou autre — si vous êtes...

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