Les ressources humaines à l’ère du digital
OPINION. L’avènement de la machine, et l’informatisation de la société ont transformé la société en profondeur, nous éloignant du sens du travail. Dans cette nouvelle ère, difficile pour des individus interchangeables d’exprimer leurs qualités.
« S’interroger sur le sens du travail manuel, c’est en fait s’interroger sur la nature de l’être humain. Analyser les pratiques qui consistent à construire, à réparer et à entretenir les objets matériels en tant que facteurs d’épanouissement humain », écrivait Matthew B. Crawford dans Éloge du carburateur.
Nous sommes tous plus ou moins confrontés à la dépossession de notre travail, que ce soit en tant que producteurs directs de biens ou d’objets ou bien en tant que travailleurs hors de ce secteur.
Les machines mises à notre disposition étant de plus en plus complexes et insondables pour le commun des mortels, nous leur obéissons, incapables de les réparer (internet, moteurs de voitures, robots industriels, etc.). Leur sophistication s’articule autour de diverses délocalisations et empilements procéduriers pour nous éloigner encore davantage du sens de notre travail. La parcellisation et le cloisonnement prônés par le nouveau management ont créé un désintérêt et une déspécialisation qui font de chacun un pion anonyme taillable, corvéable et interchangeable à merci. Des décisions se prennent, on ne sait où, un sentiment d’abstraction et d’inutilité peut aussi nous envahir.
D’autre part, ces conditions de travail isolent les acteurs qui pouvaient espérer une entraide humaine lors d’une tâche difficile à effectuer. Un réel artisan peut être fier de tenir la fabrication de son œuvre de bout en bout et sa responsabilité s’en trouvera renforcée.
Cette dépersonnalisation est bien la caractéristique de l’époque faisant de l’être humain cet « individu incertain » dont parlait déjà Raoul Eisenberg. Il peut alors être désigné comme responsable d’un dysfonctionnement de l’entreprise sans qu’il puisse compter sur une évaluation complète et argumentée de son action entraînant souvent une culpabilisation.
Si l’élaboration et la fabrication d’un objet (matériel ou abstrait) étaient conçues collectivement et suivies jusqu’à leur terme, le contrôle naturel par l’échange et le...