Libre-échange agricole : le laissez-passer n’est pas une fatalité

CONTRIBUTION / OPINION. Le double-discours du gouvernement sur les accords de libre-échange cache une impuissance politique. Pourtant, nous avons les moyens de reconquérir notre souveraineté alimentaire, pourvu que nous en ayons la volonté.

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Crédits illustration : © Lemouton / POOL/SIPA


« Si on remet en cause les accords de libre-échange, c’est toute une part de l’agriculture française aussi qu’on prive de capacité exportatrice » : Marc Fresneau s’est livré à un exercice tout macroniste, défendre en même temps les accords de libre-échange tout en disant s’opposer au Mercosur. Mais plutôt que de rester dans les postures superficielles qui prédominent dans notre pays et en Europe, mieux vaut regarder vers l’Asie pour constater qu’un autre modèle agricole existe.

Gabriel Attal n’a pas été si prolixe sur l’agriculture dans son discours de politique générale. Bien sûr, parler d’une « exception agricole française » pourrait être intéressant, mais ce gouvernement tord tellement les mots en disant l’inverse de ce qu’il fait, et inversement, qu’il est difficile d’en attendre quoi que ce soit. D’ailleurs, il avait bien conscience de n’avoir proposé que des mesures techniques dérisoires puisqu’il a cru bon devoir dire que le gouvernement « ne résoudra pas la crise agricole en quelques jours ». Nous sommes exactement dans le même cas de figure que lors des Gilets jaunes, à savoir des demandes très claires (alors, plus de justice sociale et plus de démocratie) auxquelles le gouvernement ne veut pas répondre, car cela lui imposerait de renier l’ensemble de la politique qu’il mène depuis 2017.

Dans le cas des agriculteurs, leurs demandes sont finalement assez simples : pouvoir gagner dignement leur vie avec leur métier (alors qu’un tiers d’entre eux gagnaient 350 euros ou moins, dont une trop grande partie carrément en déficit) et mettre fin à la concurrence déloyale de produits venus de payer aux règles sanitaires tellement moins contraignantes que les nôtres. Bien sûr, l’exécutif a annoncé vouloir bloquer le Mercosur, limiter les importations venant d’Ukraine par des quotas, et imposer des clauses miroirs pour s’assurer que les produits qui rentrent en France doivent respecter nos normes, pour...

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