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Populophobie et technocratie

CONTRIBUTION / OPINION. Notre régime actuel se caractérise par un flagrant paradoxe : l’oligarchie technocratique refuse de rendre le pouvoir au peuple, tout en accusant ceux qui réclament davantage de démocratie d’être une menace pour cette dernière. Retour sur la genèse de la populophobie.

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« Il y a deux vérités qu’il ne faut jamais séparer, en ce monde : que la souveraineté réside dans le peuple ; que le peuple ne doit jamais l’exercer. » Les élites ont trop bien intégré ce principe que Rivarol énonçait déjà dans son Journal politique national des États généraux et de la Révolution de 1789.

Depuis 18 ans (du jamais vu dans l’histoire de la Ve République), le référendum c’est l’Arlésienne : on en parle, mais on n’en voit jamais la couleur. Les annonces de recours au référendum par le Président de la République et les dénonciations de contournement du Parlement ou de populisme sont l’occasion d’une réflexion sur la crainte qu’inspire, depuis fort longtemps, le recours au peuple. Avec en filigrane la question ontologique de la démocratie : le peuple a-t-il toujours raison ? C’est l’éternelle dichotomie entre ochlocratie et démocratie qui ressurgit du fond de l’Histoire une énième fois. Le peuple est légitime, la foule, la plèbe, la populace non.

Avant d’entrer dans les considérations d’ordre philosophique, commençons par rappeler que l’article 3 de la Constitution française énonce : « La souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum. » Cet article, très clair, nous permet de dire que ceux qui dénoncent le recours au référendum méprisent la Constitution, la souveraineté nationale et populaire et donc le peuple lui-même. Le référendum n’est pas un contournement du Parlement, il est l’un des deux moyens d’exercice de la Souveraineté nationale, au même titre que l’exercice par la représentation nationale. Juridiquement, les deux moyens sont à la même place dans la hiérarchie, mais moralement nous pourrions voir le référendum comme un moyen supérieur. Même le Conseil constitutionnel valide ce constat : « il résulte de l’esprit de la Constitution […] que les lois que la Constitution a entendu viser dans son...

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