Pour un protectionnisme sur le bois
OPINION. En grande difficulté, la filière du bois doit faire face à une augmentation du prix de sa matière première. Il est pourtant essentiel de protéger ce secteur, tant sur le plan de la souveraineté économique que celui de l’écologie.
Cela fait quelque temps que je souhaite écrire sur un sujet qui me préoccupe. J’aimerais crier ma frustration aux oreilles de ceux qui prennent les grandes décisions. Je travaille comme dessinateur dans une entreprise impliquée en construction en bois en Gironde. Mon travail consiste à permettre l’essor du bois, à mon niveau, dans le paysage français. Et aujourd’hui cela devient compliqué.
Comme vous devez le savoir, les matériaux en général, mais surtout le bois, ont vu leur prix augmenter. Pour ce dernier, cette augmentation est de presque 200 %. Au lieu de juste recevoir cette information de mon chef de projet, j’ai essayé de comprendre d’où cela pouvait venir. La raison est double. Bien sûr, depuis la crise du Covid, les scieries ont pris du retard. Cette raison est valable, mais si c’était la seule, alors le prix n’aurait pas autant grimpé.
En réalité, la raison est qu’un président à l’autre bout du globe (en l’occurrence, Donald Trump) a décidé d’augmenter les taxes douanières entre les Usa et le Canada, faisant fi de l’ALENA (accord de libre-échange américain). Aux États-Unis, 94 % des maisons de particuliers sont construites en bois. Pour pallier cette hausse des taxes (qui bien sûr rend le bois canadien plus cher que n’importe quel autre bois du monde pour un constructeur américain), les Américains ont posé les dollars sur la table pour acheter le bois d’Europe et en particulier le bois français. Tout cela est permis par une libre concurrence et finalement, c’est nous qui, au bout de la chaîne devons nous démener pour trouver des alternatives et continuer notre travail.
Je ne vais cacher à personne que les gens avec qui je travaille ont témoigné leur envie d’acheter du bois en Biélorussie. Et qui peut les blâmer ? Si ça se trouve, on gagnerait même à...