Marché de la Défense : l’UE laisse la porte ouverte aux entreprises américaines
ARTICLE. Bruxelles aurait pu profiter de la mise en place d’un fond de 150 milliards d’euros pour privilégier les entreprises de Défense européenne, comme le souhaitait la France. Mais elle a préféré ouvrir la porte à Washington.
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C’est bien connu, l’Union européenne n’est pas un espace culturel, historique, voire même géographique, harmonieux. L’UE est avant tout un marché, marché ouvert aux quatre coins du globe, et à ses sirènes américaines. La guerre en Ukraine et le retour au pouvoir de Donald Trump cette année devaient servir d’électrochoc et pousser les dirigeants européens à envisager un protectionnisme pour que le continent se dote d’une industrie de défense compétitive. Il n’en sera rien.
Depuis le début de l’année, des annonces de commandes américaines ont été faites par des pays membres : missiles antichars pour l’Irlance, missiles Tomahawk pour les Pays-Bas, missiles AIM‑120D pour la Pologne, réflexion d’achat d’avion F‑35A pour le Danemark… Les États-Unis sont un fournisseur fidèle des Européens. Et ce n’est pas terminé, malgré l'a progression de la politique d’armement européenne ces dernières semaines.
Bruxelles a notamment entériné la mise en place d’un nouvel outil de financement destiné à « agir pour la sécurité de l’Europe par le renforcement de l’industrie européenne de la défense ». Cet instrument temporaire d’urgence, nommé Safe et adopté par le Conseil de l’Union européenne le 27 mai 2025, est destiné à permettre l’octroi d’une assistance financière de l’Union aux États membres sous la forme de prêts à taux réduits et donc fortement avantageux. Il leur permettra de réaliser des « investissements publics urgents et importants » et fournira jusqu’à « 150 milliards d’euros de prêts aux États membres ».
35 % du marché ouvert à l’étranger
On aurait pu s’attendre à ce que cet argent aille en priorité aux industries européennes pour favoriser leur développement et contribuer ainsi à développer ou renforcer un tissu industriel de la défense sur le sol européen. Une position par ailleurs tenue par la France. Mais c’était sans compter sur l’allergie bruxelloise à toute forme de protectionnisme....