Poutine et l’Europe
OPINION. Le déclenchement de la guerre en Ukraine par la Russie a contraint nombre d’Européens à reconsidérer la vision qu’a Vladimir Poutine de l’Europe.
Cher Vladimir,
Est-ce vraiment parce que vous pensiez être revenu à la maison des Soviets que vous y êtes entré sans frapper et que vous avez frappé après être entré ?
Quand même, ce n’est pas bien ce que vous avez fait ! Ce n’est pas tant sur le fond, mais sur la forme que le monde s’est insurgé, car tout le monde s’est senti menacé. Et puis les Ukrainiens, on ne les connaissait pas. Même s’ils ont appartenus au peuple des soviets, qui leur ressemblent comme deux gouttes de Vodka et qu’ils peuvent se comprendre, ils ne sont plus les « ex-slaves » de la grande Catherine dont notre président fit grand éloge à Moscou, parce qu’il l’avait découverte sur Wikipédia.
Il vous est reproché votre nostalgie de sa grande Russie et de sa réunification à coup de tromblons, alors que l’Europe n’a de cesse de vouloir s’étendre et d’unifier à coup d’euros vingt-sept nations improbables. Bien sûr, cela fait moins de bruit. Nos moyens ne sont pas les mêmes pour recruter de nouveaux membres. L'Euro est une arme de persuasion massive.
Notre principe fondateur est celui d’un GIE, un groupement d’intérêt d’entreprises, assez éloigné d’un regroupement d’intellectuels. Nous comptons en cash-flow, en surface financière, en capacité d’endettement. Et quand nous parlons « d’actifs », il s’agit rarement de travailleurs. Nous n’avons pas les mêmes valeurs. Pour y adhérer, il faut les mériter, « candidater ». Candidater à la candidature, même à la candidature pour la candidature… À l’issue d’un processus très complexe et assez lent, le prétendant est accueilli ou défait à l’examen. L’Euro dessine les frontières qui ne sont pas celles d’un pays. Il ne s’embarrasse pas des langues, il est la langue officielle.
Notre approche de l’État, plus pragmatique, est moins sensible à la culture qu’à l’économie. Il faut voir comment le colonisateur a...