Reconnaissance de la Palestine : le fait du prince contre ses principes
CONTRIBUTION / OPINION. Emmanuel Macron a déclaré reconnaître l’État de Palestine au nom de la France, à la tribune de l’ONU. Et ce malgré les conditions qu’il avait lui-même posées en juin. Otages, Hamas, reconnaissance d’Israël : rien n’a été exigé. Un virage unilatéral qui fracture encore un peu plus l’opinion et l’unité nationale.
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Emmanuel Macron a officiellement reconnu, au nom de la France, l’État de Palestine lundi 22 septembre lors de l’Assemblée générale de l’ONU à New York, au regard de « l’extrême urgence de la situation à Gaza et dans le reste des territoires palestiniens. »
Vendredi 19 septembre, un collectif de vingt personnalités, issues principalement du monde de la culture, appelait à « conditionner » la reconnaissance d’un État palestinien à la « libération des otages encore retenus à Gaza » et au « démantèlement du Hamas ». Elles expriment notamment que « c’est à ce prix, et à ce prix seulement, que ce geste peut contribuer à la paix. Ce serait sinon une capitulation morale face au terrorisme ».
En effet, quid des conditions initialement posées par Emmanuel Macron lui-même en juin dernier ? Déjà de nombreuses voix s’élevaient début avril pour exposer qu’une reconnaissance d’un État palestinien par la France ne contribuerait à mettre la solution à deux États avec Israël sur les rails que si elle réunissait une myriade de conditions qui semblent pour le moment inatteignables. Notre Président venait tout juste d’annoncer le 9 avril que « la France pourrait reconnaître l’État de Palestine en juin prochain », ce qui n’a pas eu lieu, à l’occasion d’une conférence au siège des Nations unies à New York qui était co-présidée par la France et l’Arabie saoudite et s’est tenue du 28 et 30 juillet en raison d’un report dû aux frappes israéliennes en Iran. Mais cette reconnaissance était initialement conditionnée à la reconnaissance d’Israël dans le même temps par l’Arabie saoudite, ce qui est resté un vœu pieux.
Donc l’argument évoqué de la reconnaissance d’un État palestinien par de nombreux pays, près de 150 aujourd’hui, est recevable à la condition qu’il soit réciproquement appliqué, car de nombreux pays, plus de 160 actuellement, reconnaissent l’État d’Israël, ce qui n’est...