Entre les marches des fiertés, les prosélytismes et l’hystérie visant à réviser notre histoire, il est temps de refuser l’idéologie woke. Pour commencer, référons-nous à l’excellent ouvrage de Jean-François Braunstein, La Religion Woke, Grasset 2022.

Le wokisme est, selon Jean-François Braunstein, professeur émérite de philosophie contemporaine à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, une religion. Certains auteurs (dont Joseph Bottum) rapproche le mouvement woke du protestantisme américain et en particulier du phénomène de Grand Réveil (Great Awakening), qui eut lieu pendant les années 1730 et 1740 aux États-Unis. Selon le Grand Dictionnaire de la Philosophie, Larousse 2012, une religion se compose de deux aspects essentiels : « elle est à la fois la piété qui relie les hommes à la divinité et une pratique rituelle insitutionnalisée ». Cette thèse est assez convaincante, même si l’on ne peut pas vraiment définir le wokisme comme une religion au sens commun du terme selon moi, puisque nous n’avons généralement pas de véritable divinité au sens classique ni une pratique rituelle complètement institutionnalisée. Toutefois, l’ouvrage de Jean-François Braunstein éclaire sur les manifestations de ce phénomène qui revêt indéniablement un caractère religieux (existence d’une forme de peuple élu, de rituels, de textes fondateurs, phénomène de repentance, réécriture de l’histoire, etc.). On est aussi sidéré par les nombreux exemples qu’il donne. Par exemple, dans une émission de télévision consacrée à la Gay Pride, un des invités, imposant et barbu, s’insurge contre la remarque du présentateur qui s’excusait notamment d’avoir invité que des hommes. Cet invité s’exprima en ces termes, agacés : « Je ne suis pas un homme, Monsieur, je ne sais pas ce qui vous fait dire que je suis un homme ».

Le wokisme s’articule autour de quatre concepts : la théorie du genre, la théorie critique de la race, l’intersectionnalité et de l’épistémologie du point de...