Finance Service public

Repenser le financement des services publics

CONTRIBUTION / OPINION. Les défis à venir vont demander des investissements publics massifs. Mais la décrépitude des services publics et le carcan européen ne vont pas faciliter la tâche.

Finances-publiques-bruno-le-maire-budget-investissements
Le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire à la conférence gouvernementale sur les finances publiques au ministère de l'Economie et des Finances à Paris le 19 juin 2023Crédits illustration : © Alexis Jumeau/SIPA/SIPA


La survie de l’humanité est menacée par le changement climatique et par les tensions géopolitiques internationales. Répondre à ces menaces exige des investissements publics considérables et urgents dans la transition écologique et énergétique et dans le domaine de la Défense.

Les politiques actuelles de l’Union européenne, notamment les politiques budgétaire, monétaire et financière, mais aussi les politiques commerciale et industrielle, ne permettent pas de financer ces investissements vitaux et stratégiques au niveau requis et avec le degré d’urgence nécessaire.

En effet, la politique budgétaire de l’Union européenne impose des contraintes (déficits et endettement) qui ont conduit à sacrifier depuis plusieurs années ces investissements, mais aussi d’autres investissements publics indispensables comme le renouvellement ou la rénovation des infrastructures routières, ferroviaires, fluviales et portuaires et les infrastructures sanitaires et éducatives.

Par ailleurs, la politique monétaire conventionnelle de la BCE qui interdit le financement direct des États les a conduits à se soumettre aux humeurs des marchés financiers et aux conditions qu’ils imposent (taux d’intérêt et remboursement) et à s’endetter lourdement.

Quant aux mesures non conventionnelles mises en œuvre par la BCE pour faire face aux conséquences de la crise financière de 2008 puis de la crise sanitaire de 2020, elles ont inondé le système financier international de liquidités en le laissant totalement libre de leurs usages — financer les déficits publics ou alimenter la spéculation financière et la formation de bulles spéculatives menaçant la stabilité financière.

À taux d’imposition constants des ménages et des entreprises, la croissance économique, résultant de nouvelles politiques commerciale et industrielle, de la réindustrialisation et de la croissance des investissements publics de l’Union européenne, devrait permettre d’augmenter les recettes publiques, mais ne sera pas suffisante pour financer ces besoins considérables d’investissements publics.

Quant à une augmentation des taux d’imposition des ménages et des entreprises elle ne peut être...

Vous aimerez aussi