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Santé mentale des enfants : la grande oubliée

CONTRIBUTION / OPINION. L’aggravation de la santé mentale des jeunes devrait alarmer la société, explique notre lectrice, qui s’inquiète de l’augmentation de la consommation de médicaments psychotropes.

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Hyperactivité motrice, agitation incessante, impulsivité, troubles neurologiques divers, nos jeunes ne tiendraient plus en place, entend-on deçà delà : or, c’est bien connu, un enfant doit être sage comme une image. Et puisque la loi sur le collège unique a décidé pour eux et leur brillant avenir scolaire qu’ils devaient tous rester assis 7 h par jour en moyenne, vissés sur leur chaise jusqu’à leurs seize ans sonnés, il faut bien les assagir, durablement et efficacement en réponse. Heureusement pour eux, des adultes sensés et réfléchis, spécialistes médicaux de tous bords, leur prescrivent donc en réponse à leur mal-être clairement diagnostiqué tout un arsenal adapté de psychotropes, comme solution médicament(u)euse.

Pour qui l’anxiolytique, l’antidépresseur, l’antiépileptique, l’hypnotique, l’antipsychotique ou encore le psychostimulant ? Après l’hostie, c’est au tour du stupéfiant cachet salutaire de leur offrir l’absolution au XXIe siècle.

Ainsi, en 2021, corollaire de la période post-Covid, la délivrance de ces psychotropes salvateurs a augmenté de 16 % pour les anxiolytiques, de 224 % pour les hypnotiques, de 23 % pour les antidépresseurs ou encore de 7,5 % pour les antipsychotiques. Stupéfiant. Les symptômes sont traités, avec des dosages plus ou moins empiriques : cependant qui s’est penché véritablement sur les causes de ces troubles ? Car prévenir les causes, en amont, ce n’est pas rentable, bien sûr, pour les philanthropiques laboratoires. Alors que vendre des puissants stupéfiants qui « soignent » les symptômes l’est bien davantage, en revanche : un marché juteux et prometteur, devant la recrudescence des cas d’enfants diagnostiqués hyperactifs. Avec des effets immédiatement visibles de surcroît : c’est rassurant, car cela fonctionne plutôt bien ! Regardez, ils tiennent en place, ils ne bougent plus grâce au traitement ; mais il faudra peut-être réduire la dose, car là ils s’endorment sur leur bureau là, tout de même…

Jeunesse anesthésiée, jeunesse privée de ses élans de vigueur. Prescrivez-leur...

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