Se sauver ou sauver la réforme des retraites de Macron : le dilemme LR
OPINION. En assurant l’adoption de la réforme des retraites, comme le gouvernement lui en prête l’intention, Les Républicains sauveraient, au moins provisoirement, le second quinquennat de Macron, mais se condamneraient irrémédiablement.
Le parti LR a-t-il pris toute la mesure de l’échec cinglant de Valérie Pécresse à la présidentielle, où non seulement elle n’atteignit pas le second tour, mais fit un score ridicule ? Trois fois celui d’Anne Hidalgo tout de même, mais quand le candidat PS ne fédère que 1,78 % des votes, il n’y a pas matière à se réjouir. Les 4,8 % de Valérie Pécresse lui barrent même la voie au remboursement des frais de campagne, elle qui s’était allègrement endettée personnellement, sûre qu’elle était d’un score bien supérieur. Et « madame 20 h 02 » — en réalité 20 h 20, mais le détail est sans importance — consacrait la pire défaite, historique, de sa famille politique, dont une partie, le dernier quart de son ventre mou avec les Éric Woerth, Renaud Muselier, Christian Estrosi, voire même Nicolas Sarkozy, rejoignaient leur maître à (ne rien) penser Emmanuel Macron. Comme si les électeurs de la droite qui n’avaient pas encore rejoint Macron ne lui faisaient aucune confiance, quand les autres avaient déjà préféré l’original à sa pâle copie : l’espace politique était étroit.
Paradoxalement, la baisse inévitable du nombre de députés LR dans l’élection législative qui suivit — dont le résultat n’eût pas été très différent si elle avait eu lieu au scrutin de liste — allait conforter les survivants du parti dans une position stratégique, le parti charnière qui fait et défait les majorités, le FDP (Parti libéral-démocrate allemand) français en quelque sorte, à l’instar de son homologue allemand qui retire son soutien à un Helmut (Schmidt) pour le donner à un autre (Kohl) et changer tout le gouvernement, et surtout sa politique. Le parti qu’on doit bichonner pour s’attirer ses faveurs quand les Français n’ont pas souhaité reconduire la majorité absolue au parti présidentiel qui en avait tant abusé pendant tout un...