Tartuffe était à Strasbourg, on l’y a vu le 19 janvier
OPINION. Entre les propositions démagogiques et les déclarations contradictoires, le discours d’Emmanuel Macron devant le Parlement européen annonce une présidence chancelante du Conseil de l'UE.
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Emmanuel Macron ouvrait, le 19 janvier 2022, la présidence française du Conseil européen par un discours devant un Parlement européen clairsemé qui n’a pas échappé à son style lourd et pompeux, où la grandiloquence du propos n’avait d’égale que sa vacuité. Oui, Macron à Strasbourg lançait sur le plan européen sa campagne de réélection qu’il a déjà entamée, depuis près de cinq ans, sur la scène nationale. D’ailleurs, il le reconnaissait d’entrée de jeu : la présidence française, disait-il, sera « une présidence de promotion », mais pas seulement « des valeurs » comme il l’annonçait. Ce sera une présidence de promotion jupitérienne. Macron est un disciple d’Érasme qui affirmait dans son Éloge de la Folie qu’il n’y a pas de mal à dire du bien de soi quand il ne se trouve personne pour le faire.
Certes, il vante en Europe les valeurs de l’État de droit qu’il a si fortement mises à mal dans son pays, en ne respectant pas la Constitution, en déconstruisant la démocratie française par la destruction des partis politiques et des corps intermédiaires afin de régner sans partage. En décidant seul avec son secrétaire général de l’Élysée, méprisant le parlement par sa chambre décérébrée d’enregistrement personnelle qui ignore systématiquement les amendements de l’opposition ou du Sénat qui ne lui est pas acquis. « Nous sommes cette génération qui découvre la précarité de l’État de droit et des valeurs démocratiques », chante-t-il à la tribune. Non ! il est au contraire cette génération qui la promeut et l’exploite.
Il veut « renforcer » la Charte européenne des droits fondamentaux, « combat pour l’État de droit, pour cette idée simple qu’il y ait des droits universels de l’Homme qui doivent être protégés des fièvres de l’histoire et de leurs dirigeants ». C’est assez audacieux, pour celui qui prit prétexte précisément des « fièvres du peuple » pour réduire...