Une défense de la corrida
CONTRIBUTION / OPINION. Ni un loisir sanglant ni un vestige archaïque, la corrida est un rituel qui force à affronter trois réalités que nos sociétés modernes fuient : la mort, le courage et le sacré. C’est en tout cas l’avis de notre lecteur, qui nourrit ce sensible débat.
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Il n’y a sans doute pas de sujet plus explosif, plus tabou, que celui de la corrida. Oser la défendre, dans un monde qui se réclame à la fois de la compassion universelle et de la rationalité moderne, c’est s’exposer au soupçon d’archaïsme, voire de barbarie. Si j’écris ces lignes, c’est par conviction que la corrida révèle trois réalités fondamentales que notre société postmoderne a soigneusement refoulées : la mort, les rituels comme source de cohésion, et le courage. Trois réalités qui, loin d’être accessoires, sont les fondements mêmes de l’existence humaine et de la cohésion sociale.
Il faut d’abord se débarrasser des arguments souvent brandis, mais, au fond, peu importants. Le premier en faveur de la corrida est l’argument économique. On nous dit que la corrida fait vivre des régions, qu’elle soutient l’élevage ou qu’elle attire des touristes. Certes. Mais soyons sérieux : sur un sujet aussi brûlant, invoquer la rentabilité est d’une indigence coupable. Les régions qui ont abandonné la corrida ne se sont pas effondrées, et réduire un rituel séculaire à un bilan comptable revient à confondre l’essentiel et l’accessoire.
Le second argument plus répandu, cette fois-ci contre la corrida, est celui de la souffrance animale. Ici, la passion l’emporte souvent sur la raison. Bien sûr, nul esprit sensé ne défend la cruauté gratuite : faire souffrir un être vivant pour le plaisir serait une abomination. Mais, ramenons les choses à l’échelle : la souffrance des quelques milliers de taureaux de corrida est une goutte d’eau dans l’océan des tortures infligées chaque année aux animaux dans les abattoirs industriels, et plus encore dans l’océan des souffrances humaines qui devraient nous préoccuper en priorité. Ce que je soupçonne ou plutôt ce dont j’ai été témoin, c’est que l’hostilité viscérale à la corrida est moins une défense de l’animal qu’un règlement de comptes...