Corrida : les leçons à tirer de la pantalonnade parlementaire
OPINION. Si la proposition du député LFI Aymeric Caron d’abolir la corrida n’est pas passée au Parlement, la volonté de l’élite parisienne de s’en prendre aux traditions locales ne s’est pas dissipée, craint notre lecteur.
La semaine dernière, au prix d’une fine manœuvre tactique, le débat sur l’abolition de la corrida n’a pu avoir lieu à l’Assemblée nationale. La pratique de la corrida est donc autorisée à survivre dans les 50 villes où elle est considérée comme une tradition ininterrompue, depuis quelque 150 ans.
Les aficionados respirent, mais le gouvernement et l’establishment macrono-sarkozien aussi, car si le débat avait pris corps au Parlement et dans la société civile, il y avait beaucoup de voix à perdre pour les tenants du « en-même temps ». La corrida et ce qu’elle porte, le sens du contraste, de l’engagement à la vie à la mort, de l’éblouissant s’accommode mal avec l’anomie officielle.
Nos départements vont eux aussi respirer : des Pyrénées-Atlantiques où j’habite jusqu’au Gard et même un peu plus loin. L’année prochaine, les férias de Vic-Fezensac, Mont-de-Marsan, Bayonne, Dax, Hagetmau ou Tyrosse auront une saveur particulière. Sans aucune forfanterie, en attendant l’alguazil, nous nous dirons par la pensée : « Laissez-nous vivre comme on aime et avec ceux qu’on aime. »
Mais je n’avais jamais réalisé à quel point la corrida dérogeait aux dogmes de l’époque, et pourquoi le peuple de la corrida avait suscité une telle éruption de mépris et de haine depuis Paris. Issue du fonds de notre civilisation gréco-romaine, la tradition des jeux du cirque, elle est aux antipodes du courant globaliste où l’art doit s’adapter aux « cultures du monde ».
Portant, au plus haut le courage physique, elle est étrangère à l’ambiguïté du « en même temps ». Coupant l’espace en « sol y sombra », soleil et ombre, lumière et ténèbres, blanc et noir, elle ne fait pas dans la nuance. Mettant en scène somptueusement la mort en la glorifiant, elle éclaire un non-dit et une peur de la société actuelle.
Enfin, rassemblant les générations aux arènes, des familles entières, des gens...