Jean-Marie Le Pen était-il antisémite ? C’est la question qui a mis le feu aux poudres et transformé la prochaine manifestation contre l’antisémitisme, autrement qualifiée de « grande marche civique », en « faut-il manifester avec le Rassemblement national ? ». Ses organisateurs, Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet, respectivement président du Sénat et présidente de l’Assemblée nationale, s’imaginaient-ils que leur proposition allait aboutir au résultat inverse de celui ecompté : la discorde ? La piste du cynisme politique n'est pour l'heure pas privilégiée.

Les premiers à dégainer, sans grande surprise, ont été les membres de la France Insoumise. « On ne lutte pas contre l’antisémitisme et le racisme dans la confusion », a communiqué le parti, le 8 novembre. « Lutter contre l’antisémitisme et contre toutes les formes de racisme est impraticable aux côtés d’un parti qui trouve ses origines dans l’histoire de la collaboration avec le nazisme », ont ensuite ajouté les auteurs du texte, dénonçant la non-exclusion du RN dans cette invitation. La France Insoumise n’ira pas à la manifestation et privilégiera un autre cortège samedi, « contre la guerre et pour un cessez-le-feu ».

Les soldats de la Mélenchonie n’y sont pas allés de main morte. Lors des débats sur le projet de loi de finances pour 2024, le député LFI de l’Essonne Antoine Léaument, robespierriste indécrottable, a invoqué l’histoire. « Où est la fraternité quand (…) vous courez après l’extrême droite et que vous vous apprêtez à marcher avec elle au moment où il faudrait au contraire la combattre pour la faire reculer dans la poubelle d’où elle est de nouveau sortie ? », a-t-il scandé. Et le député de faire un bien étrange parallèle historique : « Je vous dis tout ceci, Madame la Première Ministre, un jour pas comme les autres, car nous sommes la nuit du 9 au 10 novembre 2023,...