Georges Kuzmanovic : « Le paysage politique est un champ de ruines, la situation économique et sociale est catastrophique et le peuple est à bout »
ENTRETIEN. Une dissolution de l'Assemblée nationale, une France en trois blocs… et toujours plus paupérisée, et toujours moins démocratique. Georges Kuzmanovic, président de République souveraine et compagnon de route de Front Populaire, revient en détail sur l'état politique et social de la France après les élections européennes. Une situation inextricable ? Pas si vite.
FP : Quelques dizaines de minutes après l’annonce des résultats des élections européennes, Emmanuel Macron prend la parole pour annoncer la dissolution de l’Assemblée nationale et l’organisation de législatives anticipées fin juin et début juillet. Qu’en pensez-vous ?
GK : Les années de présidence d’Emmanuel Macron se caractérisent par une destruction systématique de la France et par l’affaiblissement de son État. Cette dissolution ne déroge pas à la règle et n’en est qu’une étape.
Les élections européennes ont été une défaite majeure pour Emmanuel Macron, malgré les efforts considérables investis par lui en termes de communication. Elles ont été une sorte de référendum contre lui. L’instrumentalisation de la guerre en Ukraine et de la mémoire (le Débarquement, Oradour-sur-Glane, etc.) n’ont pas eu l’effet escompté – il n’a pas réussi lors de ces européennes à reproduire l’escamotage de l’élection de 2022.
Vexé contre le peuple, il décide de le brutaliser en convoquant des élections législatives en plein été, juste avant les Jeux Olympiques, et en prenant le risque volontaire de tendre le pays un peu plus et d’aggraver les dissentions dans la société. « Après moi le déluge » pourrait être l’épitaphe de sa présidence ; Macron joue l’instabilité dans une France qui est déjà dans une crise économique, sociale et morale profonde. C’est un nouveau déni de démocratie : on n’aura pas le temps de débattre des problèmes concrets, les citoyens sont sommés de se positionner sur un clivage tronqué, « démocratie ou fascisme », plutôt que de discuter de l’état de l’école, des hôpitaux publics, de travail, de salaires, d’immigration, de pouvoir d’achat, etc. Macron ne « retourne pas au peuple » comme on a pu l’entendre et le lire ici et là, en particulier chez les commentateurs et éditorialistes de cour, il ne l’a jamais fait ! Ni lors de la révolte des Gilets Jaunes, ni...