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Julien Aubert : « Ce sont les électeurs qui ont normalisé le RN »

ENTRETIEN. Haut fonctionnaire et ancien député (2012 — 2022) du Vaucluse, Julien Aubert est le président du mouvement Oser la France. Il livre pour Front Populaire son analyse politique de ces derniers mois d’élections.

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Front Populaire : Mercredi 22 juin, Emmanuel Macron a annoncé vouloir obtenir des accords avec l’opposition, texte par texte. Que pensez-vous de cette position ?

Julien Aubert : C’est l’alternative du plus petit dénominateur commun. Ce n’est pas très stable, mais ça permet effectivement de faire en sorte que le Parlement joue son rôle. L’alternative aurait été une coalition ou une union nationale.


FP : À ce propos, vous déclariez il y a quelques jours sur BFMTV, « Je comprendrais beaucoup plus un gouvernement d’union nationale, du RN à l’extrême gauche ».  Vous parliez notamment de points d’accord sur la nécessaire réindustrialisation de la France. Ces sujets existent depuis plusieurs années, pourquoi ne l’évoquiez-vous pas avant ces législatives ?

JA : Autrefois, il y avait une majorité qui rendait l’union nationale relativement cosmétique, parce que la majorité n’avait pas besoin de supplétifs. La deuxième raison c’est qu’on traverse des temps durs, avec une inflation galopante et des frontières qui sont en train de se fermer. La France va passer vraisemblablement par des tempêtes. Cela justifie que sur la base d’un accord, on puisse trouver des solutions communes de redressement.


FP : Les positions des uns et des autres sont tout de même assez radicalement différentes sur certains sujets, comme celui de l’immigration. Pensez-vous qu’un certain consensus soit tout de même possible ?

JA : C’est très compliqué de composer avec la radicalité des positions des uns et des autres. La nécessité de la réindustrialisation du pays rejoint le localisme du RN, comme celui porté par le fond ouvrier du Parti Communiste. On peut trouver des convergences. Je ne dis pas que l’on y serait parvenu, mais on aurait pu tenter de mettre tous les groupes autour de la table, autour du Premier ministre, en disant « est-ce qu’il y a au moins quelques points sur lesquels vous seriez d’accord ? ».

Je pense que, quel que soit le bord de l’hémicycle, il y a des gens qui peuvent être très conscients de leurs idées, très motivés, très enthousiastes et je ne pense pas qu’il y ait des gens qui veuillent le déclin de leur pays.


FP : Nous n’avions pas entendus les mots « gouvernement d’union nationale » dans le débat public depuis un bon moment. Peut-on dire que 2022 sonne la fin du processus de normalisation du Rassemblement National ?

JA : Ce sont les électeurs qui ont normalisé le RN, en en faisant le premier groupe d’opposition. Le parti de Marine Le Pen a bien...

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