Loïk Le Floch-Prigent : « Sous Macron, les antinucléaires et écologistes ont été trop écoutés »
LE "SEPTENNAT" DE MACRON / ENTRETIEN. Après sept années au pouvoir, quel bilan pour Emmanuel Macron ? Alors qu’il souhaitait en 2022 le rétablissement du septennat, avant de se dédire et d’estimer qu’il s’agirait d’une « funeste connerie », Front Populaire a interrogé plusieurs experts pour analyser son "septennat". L’ancien capitaine d’industrie Loïk Le Floch-Prigent regrette la prise de conscience tardive du chef de l’État sur la question énergétique et juge qu’il est présomptueux de parler de réindustrialisation avant même d’avoir fait un diagnostic complet de l’état de l’industrie française.
Front Populaire : « La France sans industrie n'est pas une option », avait déclaré Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle de 2017. Quel bilan tirez-vous du « septennat » du chef de l’État en matière d’industrie ?
Loïk Le Floch-Prigent : Une belle annonce à l’époque, mais aucun diagnostic réel ensuite, ce qui a conduit à des actions désordonnées et illusoires, la poursuite de la désindustrialisation et des annonces d’investissements énormes assurés par les financiers internationaux dans le cadre du programme « Choose France ».
Faisons le diagnostic simple et lapidaire de notre situation : la délocalisation accélérée depuis une trentaine d’années des grandes entreprises, le manque de fonds propres pour l’industrie, et la non-compétitivité du pays, excepté pour l’énergie électrique, grâce aux investissements nucléaires et hydrauliques privilégiés par les générations précédentes. Le chef de l’État n’ayant pas analysé sérieusement les causes de notre déclin, il n’a pas pu traiter les difficultés de l’ensemble de notre tissu industriel et des milliers d’entreprises qui fondent la prospérité de tous les territoires. Dès qu’une industrie disparait, c’est tout son environnement...