C’est l’un des nombreux serpents de mer qui agitent les eaux du macronisme, mais plus largement de la Ve République. Promise en 2017 puis en 2022 par Emmanuel Macron, la proportionnelle pourrait bien voir le jour si François Bayrou arrive à mener à son terme son projet. Le Premier ministre, qui lui est depuis longtemps (très) favorable, a lancé ces derniers jours une série de consultations politiques, qui pourraient aboutir à un projet de loi discuté à l’Assemblée nationale en automne. Une idée qui fait des heureux — RN et LFI en tête. Mais aussi de farouches opposants.

En tête du cortège des anti-proportionnelle : les Républicains. Ce lundi 2 juin, le ministre de l’Intérieur a laissé la porte ouverte à un éventuel départ du gouvernement, se refusant à défendre une telle proposition en tant que ministre de l’Intérieur, et donc, en tant que responsable de l’organisation des élections en France. S’il n’a pas stricto sensu évoqué une démission, l’ancien sénateur a déclaré à la presse que « toutes les options étaient ouvertes ».

Officiellement, les Républicains s’opposent à cette mesure — qui recueille 75 % d’opinion favorable (dernier baromètre Odoxa) auprès de l’opinion publique — pour garantir le bon fonctionnement des institutions. Pour Bruno Retailleau, Laurent Wauquiez et Mathieu Darnaud, reçus à Matignon, la proportionnelle « pourrait déséquilibrer les institutions de la Ve République, qui a besoin d’une majorité pour bien fonctionner » et ce mode de scrutin « ne garantit pas une représentation de tous les territoires. »

Une question de sièges

Derrière ces arguments se cache également la crainte d’un vote qui sanctionnerait immanquablement le camp du parti de droite, déjà réduit à portion congrue par huit ans de macronisme vampirisant. Si l’on dupliquait le mode de scrutin utilisé en 1986, la proportionnelle par département aux résultats du...