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Alexandre Goodarzy : « Les Français ne savent plus qui ils sont »

ENTRETIEN. Français chrétien, Alexandre Goodarzy est un des cadres de l’association SOS Chrétiens d’Orient. Pris en otage en Irak par des islamistes en 2020, il raconte son itinéraire dans Guerrier de la paix (éditions du Rocher). Nous l’avons interrogé sur son engagement.

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Front Populaire : Au cours des vingt dernières années, vous avez parcouru des pays à travers tout le Proche-Orient et l’Asie centrale. Avez-vous remarqué des différences particulières dans le traitement des Chrétiens d’un pays à l’autre ?

Alexandre Goodarzy : Les modèles politiques dans lesquels ils vivent sont parfois différents, mais le joug qui pèse sur eux est bien souvent le même. Si on prend l’exemple de la Syrie où le Nationalisme arabe tente de survivre, l’État fait de son mieux pour maintenir l’unité nationale en protégeant les minorités du fanatisme islamiste. Mais cette réalité vient en souligner une autre. Cet islamisme, même s’il est alimenté par des forces extérieures est avant tout l’expression de la Rue arabe majoritairement sunnite. Un problème avant tout syro-syrien donc. Paradoxalement, l’État protège les Chrétiens mais l’arrière-pays, culturellement clanique, tribal, patriarcal et islamique pense et agit différemment. La crise syrienne fait ressurgir ces problèmes de fond internes que bon nombre d’idéologues ne veulent pas voir. A contrario si vous prenez l’Iran, les Chrétiens n’ont qu’à se tenir tranquilles bien qu’ils puissent exercer leur culte avec une liberté très contrôlée. Sous le pouvoir théocratique, la rue iranienne à écrasante majorité chiite se détache de plus en plus de l’Islam et n’éprouve aucune hostilité envers les Chrétiens. Beaucoup d’ailleurs se convertissent en cachette. Similitude en tout cas dans ces deux pays, nationalisme arabe ou bien République islamique, la conversion au Christianisme est sanctionnée par l’État et leur communauté est sans cesse soupçonnée d’être une cinquième colonne de l’Occident…

FP : Vous êtes d’origine bretonne et iranienne et chrétien de foi. Comment ces multiples influences vous ont-elles orienté dans votre parcours ?

AG : Très tôt mes parents se sont séparés et c’est ma mère qui m’a élevé. J’étais chrétien de culture et assez peu de tradition. En grandissant, c’est à l’islam que...

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