Boualem Sansal sur France 5, procès idéologique par contumace
ARTICLE. Alors qu’il est emprisonné par le régime algérien depuis une semaine, l’écrivain a été pris pour cible dans l’émission C Politique (France 5) ce dimanche.
Que la justice algérienne ne se fatigue pas à faire le procès de Boualem Sansal. Le service public français le fait très bien. Emprisonné par le pouvoir algérien depuis une semaine, son arrestation a fait l’objet d’une grande partie de l’émission C Politique sur France 5, ce dimanche 24 novembre consacrée aux relations franco-algériennes. La question est brûlante : que dit l’arrestation de Boualem Sansal, écrivain algérien fraîchement naturalisé français, critique acerbe du régime autoritaire d’Alger et de l’islam politique, sur les relations qu’entretient la France avec l’Algérie ? Une interrogation capitale, puisque l’arrestation de l’écrivain intervient quelques semaines après la visite d’Emmanuel Macron au Maroc lors de laquelle le chef d’État a réaffirmé la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.
Mais le début de l’émission a vite dévié du sujet. Ce qui devait être une émission de géopolitique a vite viré en procès. Celui de Boualem Sansal et de ses positions supposées. Principal accusateur, Nedjib Sidi Moussa. « Il y a quelque chose qui me gène beaucoup dans cette affaire », lance ce docteur en science politique, auteur d’une Histoire algérienne de la France. Selon lui, Boualem Sansal alimenterait depuis des années « un discours hostile à l'égard des immigrés, des Musulmans » et reprendrait à son compte « tous les thèmes d'Eric Zemmour ». L’universitaire en veut pour principale preuve les propos tenus par Boualem Sansal sur le média Frontières, le 2 octobre dernier : « Quand la France a colonisé l'Algérie, toute la partie ouest de l'Algérie faisait partie du Maroc », déclarait l’écrivain franco-algérien avant d’ajouter : « C'est facile de coloniser des petits trucs qui n'ont pas d'histoire mais coloniser un État, c'est très difficile. »
Diabolisé
« Je ne dis pas que ça justifie un emprisonnement » (on est heureux de l’entendre), se défend l’universitaire, tout en fustigeant les « militants des droits de l’homme, des militants...