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Christine Kelly : “Je n’ai jamais regretté d’avoir travaillé avec Éric Zemmour, bien au contraire”

ENTRETIEN. Elle est l’une des figures de proue de CNews, dont elle a largement contribué, depuis trois ans, à redresser les courbes d’audience. Mais en donnant entre autres la parole chaque soir dans son émission “Face à l’info” à des personalités "infréquentables”, en osant traiter certains sujets politiquement incorrects, Christine Kelly s’est aussi exposée à la haine et aux menaces. Dans son nouveau livre (Liberté sans expression, éd. Cherche-Midi), elle donne une fin de non recevoir à ceux qui cherchent à l’intimider, et sonne un cri d’alarme pour son métier : informer.

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Front Populaire : Pourquoi êtes-vous inquiète pour la liberté d’expression ?

Christine Kelly : Quand on est inquiète, c’est que l'on a peur que quelque chose arrive. Mais j’ai dépassé le seuil de l’inquiétude. Car je sais que l’on a déjà perdu la liberté d’expression. C’est la raison pour laquelle je dis que nous avons désormais une “liberté sans expression”. Pour l’affirmer, je me base sur mon expérience, sur ce que j’ai vécu depuis que j’anime “Face à l’info” sur CNews. Or, ce qui m’arrive est complètement insensé. A cause des menaces que j’ai reçues, je suis obligée d’avoir recours à une protection rapprochée.


FP : Comment analysez-vous ce phénomène ?

CK : Comme une inversion des valeurs. Depuis que j’exerce mon métier, je me suis engagée dans le couloir de la neutralité. Autrement dit, quand j’anime une émission, je ne donne pas mon avis à l’antenne, je n’arrive pas en tant que noire, en tant que mère de famille, en tant que Guadeloupéenne, en tant que Parisienne ou en tant que présidente d’une association qui aide les familles monoparentales, mais en tant que journaliste.

Seulement, ce code de conduite ne semble plus aller de soi pour une partie du public. On vit une époque où certains pensent même qu’une présidente d’université digne de ce nom se doit de donner des consignes de vote aux élections. Ouvrons les yeux et voyons qu’on est en train de perdre notre tête, notre bon sens. Je veux bien qu’il y ait des journalistes qui donnent leurs avis – d’ailleurs il m’arrive de le faire quand je suis invitée sur d’autres plateaux, comme celui de Jean-Marc Morandini – mais pourquoi serait-on obligés de prendre position quand notre métier est celui d’informer ?


FP : Dans ce contexte, avez-vous envisagé d’arrêter la télévision ?

CK : Il m’est arrivé d’y songer, mais le...

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