Embryons chimériques homme-singe : jusqu’où doit aller la science ?
DÉBAT. Deux équipes de recherche française et internationale sont parvenues à créer des embryons chimériques homme-singe en laboratoire. Des réalisations constituant une étape vers une meilleure compréhension du développement humain, mais posant de sérieux questionnements éthiques. Le progrès de la science doit-il tout permettre ? C’est le débat de ce dimanche.
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De quoi s’agit-il ?
Non, ce n’est pas le scénario d’un roman de science-fiction. Deux équipes de chercheurs, une française, et une internationale (chercheurs chinois, américains, espagnols), ont réussi à cultiver respectivement pendant trois jours, et dix-neuf jours, des centaines d’embryons chimères singe-homme. Concrètement, comme le rapporte Le Monde, « elles ont introduit des cellules humaines dans des embryons de singe », et plus précisément des cellules de macaques crabiers dans des « cellules souches pluripotentes induites » (cellules iPS), autrement dit, des cellules de peau humaine adulte.
Selon le Dr. Franck Yates, responsable du laboratoire CellTechs, les cellules iPS ne détruisent pas, à la différence des cellules dites « heS », l’embryon humain. Ces dernières sont d’ailleurs très encadrées par la loi bioéthique de 2011, ce qui n’est pas le cas des cellules iPS utilisées pour les expérimentations en question.
Le rapport de l'étude internationale, cosigné par le controversé scientifique espagnol Juan Carlos Izpisua Belmonte, a été publié dans la revue Cell et rapporté par le journal espagnol El País. L’expérimentation a consisté à prélever des ovocytes matures (5 à 8 ans) sur des femelles macaques, à y injecter des spermatozoïdes de macaques mâles, puis à développer l’ovule fécondé dans un bouillon de culture de laboratoire, pour, le sixième jour, ajouter 25 cellules humaines « reprogrammées » – c’est-à-dire pouvant devenir n’importe quel type de cellule (peau, muscle, foie, etc.).
Finalement, grâce à une technique développée par l’équipe, 103 embryons chimériques se sont développés à l’extérieur d’un utérus après 10 jours alors que trois ont survécu jusqu’au 19ème jour, date à laquelle les scientifiques ont arrêté l’étude. Juan Carlos Izpisua a fait remarquer que « malgré ces considérations, il est vraiment surprenant que de nombreux embryons se soient développés pendant une période prolongée ».
Des travaux à visée de recherche médicale…
Ces travaux interviennent...