Gauche Médias

Grève à Europe 1 : quand Libération donne des leçons de pluralisme

ARTICLE. Mercredi, le journal Libération consacrait sa une à la prise en main de la radio Europe 1 par Vincent Bolloré en montrant le célèbre micro bleu recouvert du micro rouge de CNEWS et titrant « le spectre de la bande FN ». Qu’une radio n’ait pas une ligne éditoriale « gauche caviar » semble inacceptable pour « Libé ».

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« Le dernier clou dans le cercueil », « une radio qui perd son âme », « rouleau compresseur », ou encore « mutation à marche forcée », Libération panique à l’idée du rapprochement opéré par Vincent Bolloré entre la radio Europe 1 et la chaîne de télévision CNEWS. Avec sa une, le quotidien semble en effet craindre que le nouvel actionnaire de la radio historique ne lui fasse adopter une ligne éditoriale pro-Rassemblement national.

À Europe 1, des journalistes désemparés face au tournant idéologique à venir

Le vendredi 18 juin, la rédaction d’Europe 1 s’est mise en grève pour protester contre l’arrivée de Vincent Bolloré comme premier actionnaire du groupe Lagardère (propriétaire de la radio), via sa filiale Vivendi. Ils craignent qu’Europe 1 prenne le même virage éditorial que la chaîne de télévision I-Télé, rachetée en 2016 par Bolloré, ce qui avait valu à la chaîne un mois de grève de la rédaction.

C’est la raison pour laquelle les journalistes d’Europe 1 invoquent leur clause de conscience, garantie par l’article L7112-5 du Code du travail, qui permet à tout journaliste de quitter un journal de sa propre volonté et de toucher des indemnités de licenciement si ce journal est cédé à un nouveau propriétaire et/ou s’il y a un « changement notable dans le caractère ou l'orientation du journal ou périodique [et que] ce changement crée, pour le salarié, une situation de nature à porter atteinte à son honneur, à sa réputation ou, d'une manière générale, à ses intérêts moraux. »

Malheureusement pour les journalistes d’Europe 1, cette clause de conscience n’est pour le moment pas accordée, et ce (probablement) pour plusieurs raisons. D’abord, Europe 1 n’est pas cédé, Bolloré devient simplement actionnaire principal. Ensuite, les journalistes d’Europe 1 ne sont pas juridiquement des salariés du média (entreprise de presse) mais de...

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