Jean-Paul Brighelli : L’Éducation nationale « pourrie par trente ans de pédagogisme »
LE "SEPTENNAT" DE MACRON / ENTRETIEN. Après sept années au pouvoir, quel bilan pour Emmanuel Macron ? Alors qu’il souhaitait en 2022 le rétablissement du septennat, avant de se dédire et d’estimer qu’il s’agirait d’une « funeste connerie », Front Populaire a interrogé plusieurs experts pour analyser son "septennat". Premier état des lieux en matière d’éducation avec l'essayiste et ancien enseignant Jean-Paul Brighelli.
Front Populaire : La chute vertigineuse du niveau des élèves français, constatée dans les classements internationaux comme celui de PISA pris pour référence, n’a pas commencé avec l’élection d’Emmanuel Macron. Dans quelle mesure ce dernier a-t-il tout de même aggravé les tares du système d’éducation français ? Y a-t-il une singularité de la politique du président de la République en matière d’éducation par rapport à ses prédécesseurs ?
Jean-Paul Brighelli : Franchement, aucune. Quelles qu’aient été les résistances qui ont tenté de se faire jour, la dégringolade a continué. Emmanuel Macron n’y est pas pour grand-chose dans la situation actuelle : il a hérité d’une situation pourrie par trente ans de pédagogisme. La volonté d’égalitarisme a engendré un élitisme de moins en moins camouflé — et il est très loin de l’élitisme républicain.
Il faut se rappeler que Jean-Michel Blanquer succédait à Najat Vallaud-Belkacem, qui avait fait de son mieux pour simplifier les programmes jusqu’à l’os — par exemple en imposant la notion de « prédicat » en lieu et place des adjectifs, déterminants, groupes adjectivaux et propositions circonstantielles. L’idée constante est de simplifier de façon à ce que les élèves trouvent tout seuls — c’est la...