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La vérité est-elle sous contrôle ? Entretien avec Gaël Chesné

ENTRETIEN. Gaël Chesné est ancien journaliste, passé par les rédactions d’Ouest-France, Canal + et Eurosport. Enseignant à l’Institut catholique de Rennes, il s’est spécialisé dans l’histoire des médias. Le contrôle de la vérité est son premier essai.

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Front populaire : Vous qui avez baigné dans le journalisme, pourquoi avoir choisi d’écrire un essai sur le contrôle de la vérité ?

Gaël Chesné : J’ai commencé à écrire ce texte au moment de la promulgation de la loi de lutte contre la manipulation de l’information, dite « loi contre les fausses nouvelles ». A l’époque, celle-ci n’avait guère suscité de réactions, la plupart de mes confrères estimant, de conserve, que les fake news constituaient une menace trop grave pour la démocratie et qu’il fallait « quoi qu’il en coûte » – si je puis dire – les annihiler. Or, c’était précisément cette loi qui constituait une menace ! Car, pour rappel, celle-ci donne les moyens au juge des référés de décider, en période d’élection générale et sous quarante-huit heures, si une information est juste ou ne l’est pas, si une enquête est valide ou ne l’est pas, si un média est fiable ou ne l’est pas, si la vérité est ou n’est pas. Beaucoup de journalistes ne comprenaient pas que le danger venait, non pas des fake news, mais de la manière dont nous les combattions, que ce soit au travers de cette loi ou au travers des différents processus de « vérification » et de « modération » appliqués dans les médias et sur les réseaux, visant à définir ce qui est vrai, ce qui est faux, ce que l’on peut dire, ce que l’on ne peut pas dire, et qui, de telles façons, refoulent certains sujets (identité, violences, déliquescence de l’école, dégradation des services de l’État, etc.) et réduisent la liberté d’expression.

FP : Vous procédez dans ce livre à un survol historique du contrôle de la vérité. A quand remonte cette volonté de contrôle et que dit cette volonté de notre rapport à la vérité ?

GC : C’est une constante historique. Tout pouvoir, quel qu’il est, cherche à...

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