Le 19 juillet, Étienne Girard, rédacteur en chef du service société de L’Express, publie un article aussi querelleur qu’il est court. Sobriété remisée au placard dès le titre : De Michel Onfray à Emmanuel Todd : l’anti-américanisme, trait d’union des discours prorusses. Il s’agit là du sixième épisode d’un dossier spécial « pro-russes » qui sera publié le lendemain dans l’édition papier du magazine.

L’auteur fait d’une pierre plusieurs coups. Prix de gros : 4000 signes, deux hommes de gauche, Emmanuel Todd et Michel Onfray, glissés d’un même trait dans le camp honni des poutinolâtres. Au passage, Henri Guaino, ses ex-camarades de LR Pierre Lellouche et Jacques Myard, mais aussi, par ricochet, Jean-Luc Mélenchon et Ségolène Royal, en prennent eux aussi pour leur grade. Au sujet du philosophe, Girard écrit : « "Quel est l’intérêt pour les Français ? En revanche, on voit bien l’intérêt pour les États-Unis. Ils vendent leur gaz, c’est formidable", avance l’essayiste Michel Onfray, en février sur Europe 1 et Cnews. "Cette guerre a été fabriquée, c’est gros comme une maison, et nous tombons dans le panneau", ajoute le souverainiste, convaincu d’un complot américain. » Le mot est lâché, et pour ces défenseurs de la Raison et du camp du Bien, il vaut presque excommunication : complot.

D’un « pro-russe » l’autre

Alors, où est le complot ? En tout cas, ni dans la bouche ni sous la plume de Michel Onfray. Le philosophe, qui intervient régulièrement – à la télévision, en ligne ou à l’écrit – a pour lui toute la documentation qu’il lui faut pour se défendre. Jugeons sur pièces.

Le propos de Michel Onfray lors de son passage du 9 février chez Laurence Ferrari sur CNews/Europe 1 est parfaitement clair. Le voici en substance : parce qu’elle fournit des armes à l’Ukraine, la France est, de fait et contrairement à ce qu’affirmait Emmanuel...