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Psychiatrie : plaidoyer pour la refonte

C’est dans les années quatre vingt que j’ai commencé mes études d’infirmière psychiatrique. Je ne savais pas à l’époque à quoi j’assisterai : la décadence et la quasi-disparition des soins psychiatriques.

/2020/07/PSY

Autrefois, il existait des lieux qu’on appelait des asiles. Ils étaient tenus par des religieuses qui, de façon bénévole, s’occupaient des gueux, des malades, des orphelins, des handicapés, des mendiants. Bien sûr, tout n’était pas rose. Parfois pour les pensionnaires c’était difficile, injuste, voire violent psychologiquement…et physiquement. Mais au moins, les « bonnes sœurs » comme on les appelait, leur offraient le gîte et le couvert….

Puis, il y eût le temps des hôpitaux psychiatriques. Ceux-ci, souvent situés dans des petites villes périphériques, recevaient à peu près tout le monde : clochards, alcooliques, vieillards, drogués, délirants, débiles, dépressifs... Tout le monde était mélangé sauf pour ce qui est du sexe : les hommes d’un côté, les femmes de l’autre ; ce n’était pas non plus l’idéal…

C’était le désespoir de la société, personne ne les voyait, ils étaient hospitalisés longtemps, très longtemps, parfois toute une vie. Ils n’étaient pas dans la rue. On les oubliait parce qu’on ne les voyait pas. Alors, on s’était pris au jeu : les fous enfermés c’était la solution - dehors, les gens étaient normaux, bien portants. Personne n’a oublié les destins tragiques et géniaux de Vincent Van Gogh, Séraphine et Camille Claudel et d’autres…

Heureusement, les antipsychotiques sont arrivés… Les services de psychiatrie sont devenus plus calmes, moins de cris déchirants, moins de violence, plus de tolérance… La psychanalyse et la psychothérapie se découvraient et permettaient d’envisager un avenir à la compréhension des troubles psychiques.

C’est dans les années 80 que j’ai commencé mes études d’infirmière psychiatrique. Je ne savais pas à l’époque à quoi j’assisterai : la décadence et la quasi-disparition des soins psychiatriques.

Peu à peu, contexte oblige, l’administration, qui avait fini par obtenir les rennes du soin en forgeant des infirmiers généraux à la botte du pouvoir, « bouffant du médecin à longueur de journée » dans des écoles...

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